Depuis le 25 août, certains préposés aux bénéficiaires de l’unité du parc à l’Hôtel-Dieu doivent composer avec un quart de travail de jour débutant à 6 h 30 ou 7 h, plutôt qu’à 7 h 30 comme auparavant.
« Pour la majorité d’entre nous, arriver à ces heures est totalement impossible en raison des CPE ou des services de garde qui ouvrent à 6 h 30 ou à 7 h. Comment fera le parent monoparental pour arriver au travail à temps avec ce nouvel horaire? », se questionne un préposé aux bénéficiaires qui préfère garder l’anonymat par crainte de représailles de la part de son employeur, le Centre de santé et de services sociaux Richelieu-Yamaska (CSSSRY). Selon lui, « la direction s’en fout », car arrivant au travail vers 8 h, le problème de garderie ne s’impose pas pour eux [les gestionnaires]. Cette nouvelle mesure, mise en place par la direction du CSSSRY par le biais d’un projet-pilote, s’inscrit dans « l’approche milieu de vie » et vise une qualité optimale des soins offerts aux résidents. Les quarts de travail de soir et de nuit ont aussi été réorganisés.« L’activité repas est un enjeu majeur en centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et pour cette raison, nous avons choisi de revoir le 24 h [les trois quarts de travail] afin d’offrir aux résidents des heures de repas normalisées pour qu’il y ait un écart raisonnable entre ceux-ci », explique Charles Raymond, chargé de projet pour cette réorganisation du travail. À la suite d’une visite d’appréciation par le ministère de la Santé en 2011, l’Hôtel-Dieu avait été pointé du doigt pour ses lacunes concernant l’activité repas dans le cadre de « l’approche milieu de vie ». Le rapport du Ministère déplorait le trop grand nombre de résidents mangeant dans leur chambre et l’éparpillement du personnel durant les repas. Deux heures de déjeuner sont offertes à l’unité du parc : 7 h 30 et 8 h 10. « Si les employés débutent à 7 h 30, il est impossible qu’une partie des 72 résidents soit prête à déjeuner à cette heure-là », estime M. Raymond. Si les heures de travail soulèvent beaucoup d’inquiétudes, la direction du CSSSRY assure que cette décision n’a pas été imposée aux employés. « Nous avons formé un comité de travail constitué de 12 personnes incluant un représentant syndical. Les nouvelles mesures ont été annoncées à l’avance aux employés et les résidents ainsi que leur famille ont été consultés. Tout le monde était favorable à ce projet-pilote », avance Marie-Josée Gervais, directrice des communications au CSSSRY, en spécifiant que l’heure d’arrivée au travail a été déterminée selon l’ancienneté des préposés. Elle avoue cependant que certains préposés aux bénéficiaires ont manifesté de l’inconfort par rapport à cette décision, mais que les responsables « sont ouverts à discuter de la situation avec eux ». De son côté, le syndicat accuse la direction de tenir un double discours. « Le CSSSRY fait la promotion de la conciliation famille/travail, mais impose de telles conditions aux employés qui sont aussi des parents », soutient Sylvie Lachambre, présidente du syndicat paratechnique du CSSSRY. « Selon la convention collective, nous avons les mains liées. On ne peut rien faire, car l’horaire appartient à l’employeur, tant que cela respecte les quarts de travail établis. Dans ce cas-ci, débuter à 6 h 30 fait partie de l’horaire de jour, qui est seulement décalé. »D’après Marie-Josée Gervais, 40 préposés seront touchés par ce changement d’horaire. Le projet-pilote sera éventuellement étendu à d’autres unités ou CHSLD et adapté à chacun des centres selon les besoins du milieu.