À la dernière minute je me suis décidé à en parler. J’évitais le sujet parce qu’amplement couvert et n’étant pas un spécialiste de l’apartheid, je ne connaissais de la vie de Nelson Mandela que ce que les médias en ont montré.
Pourtant, allez savoir pourquoi et comment, son histoire a ressurgi en moi et son légendaire sourire ne quitte plus mes pensées. Ce sourire justement est sans doute l’arme la plus efficace de l’arsenal pacifique de cet artisan de la réconciliation. Ce sourire dans lequel tout homme de bonne volonté pouvait se reconnaître, mais aussi ce sourire qui a fait baisser les bras à la haine. Imaginez, après des années d’esclavage, d’horreurs et de souffrances lorsque les chaînes se sont brisées, la colère et la vengeance auraient facilement pu trouver un terreau fertile dans le coeur des millions d’affranchis. L’odeur du sang flottait sur les bidonvilles de Johannesburg. Les chiens tenus en laisse des Afrikaners étaient aux abois, les armes chargées à bloc, les poings serrés puis… puis le sourire de Mandela a parcouru le monde et lentement l’inattendu s’est produit. La réconciliation a eu lieu. Pacifiquement. Gandhi style. Vaclav Havel, un autre artisan de la liberté disait que la révolution doit d’abord naître dans le coeur de l’homme avant de se porter à l’Humanité. C’est ce qu’a fait Mandela. Ressentir, vivre cette libération jusqu’au plus profond de son être pour, une fois les chaînes brisées, ne pas en vouloir à ses bourreaux, que Mandela considérait comme eux aussi prisonniers d’un système… Quand l’Angleterre et les États-Unis lui rendront hommage, il faudra oublier qu’ils ont appuyé l’apartheid jusqu’à la fin… pardonner aux bourreaux venus pleurer la victime. Je ne sais pas si j’ai cette force en moi, mais Mandela a cru qu’elle était présente en chacun de nous. Faut au moins que j’essaie.