Le centre nommé Patro Lokal était situé sur la rue Pratte dans l’ancien noviciat des Frères maristes, un groupe aujourd’hui connu sous le nom des Oeuvres Rivat. Le grand bâtiment en forme de T de la congrégation est désormais occupé par l’Office municipal d’habitation de la Ville de Saint-Hyacinthe.
Entre 1970 et 1986, le Patro Lokal a hébergé, sur une base volontaire, plusieurs adolescents provenant des milieux défavorisés et faisait office de « maison d’accueil » dans laquelle « les Frères tenaient lieu de l’autorité parentale », peut-on lire dans la requête initiée par le Valériennois Joël Cosperec.
Selon le document, M. Cosperec aurait subi des sévices sexuels incessants de la part d’un des membres de la congrégation religieuse, le Frère Réjean Trudel, de son arrivée au centre en 1977 jusqu’à son départ quatre ans plus tard.
Âgé de 13 ans à l’époque, Joël Cosperec s’était réfugié au Patro Lokal pour fuir son père alcoolique et violent qui l’avait expulsé du logement familial.
Invité à séjourner au centre d’hébergement par le Frère Trudel, M. Cosperec avait alors vu en lui « un sauveur » et un « père d’accueil ».
« Environ six mois après son arrivée, les gestes d’affection du Frère Trudel à son égard [étaient] devenus plus insistants », décrit la requête.
Nerveux et angoissé, le jeune homme avait tenté de discuter de la situation avec son agresseur, ce dernier niant les faits et allant même jusqu’à l’humilier devant le reste du groupe d’adolescents.
Ce n’est qu’en 2010, lors de retrouvailles avec d’anciens « frères d’accueil », que M. Cosperec a réalisé qu’il n’aurait pas été le seul à subir des sévices lors de son passage au Patro Lokal.
L’homme aujourd’hui âgé de 51 ans se sentait trop confus et honteux auparavant pour dénoncer les abus dont il a été victime, souligne le document de cour.
Une dizaine de personnes ont jusqu’à maintenant rejoint l’Association des amis du Patro Lokal de Saint-Hyacinthe, l’organisme qui agit à titre de requérante pour la cause, selon ce qu’a affirmé l’avocate du groupe, Me Marie-Josée Corriveau au quotidien montréalais Le Devoir.
Les demandeurs accusent également deux autres frères d’abus sexuel, tout en insistant sur le fait que le reste de la congrégation « ne pouvait ignorer les actes de ses religieux, [qu’elle] a camouflé leurs agissements, et ce, au détriment des mineurs ».
L’Association réclame la somme de 250 000 $ par victime pour l’ensemble des préjudices subis ainsi que 150 000 $ supplémentaires à titre de dommages punitifs et exemplaires.
Le dossier sera présenté en Cour supérieure au Palais de justice de Saint-Hyacinthe le 10 octobre afin d’obtenir l’autorisation d’exercer le recours collectif.