Alain Magloire
Montréal. Centre-ville. Ils étaient sept policiers, formés, entrainés et équipés pour faire face à toutes sortes de situations critiques. Enfin, c’est ce que les relationnistes de la police vous diront.
De l’autre côté, il est seul. Perdu. Désorienté, malade et en détresse. Il a brandi un marteau, ils ont sorti leurs gros guns. La suite vous la connaissez. Vous la connaissez cette histoire parce qu’elle se répète trop souvent, parce que son issue est toujours aussi prévisible qu’incompréhensible. Lorsqu’elle se sent menacée, la police tue. En visant la tête. Comme s’ils croyaient que c’est le seul moyen de combattre la maladie mentale. Alain Magloire est la troisième personne itinérante souffrant de troubles mentaux abattue par la police au cours des trois dernières années.Et les statistiques ne tiennent pas compte des nombreux cas de brutalité envers les itinérants, le plus médiatisé récemment étant celui de l’homme en détresse à -40 degrés, menacé de se faire attacher à un poteau par un flic sûrement très content de sa trouvaille pour le décourager de quêter. Mais dans la rue, il n’y a pas tout le temps quelqu’un pour filmer la scène… ce que nous voyons n’est que la pointe de l’iceberg. Ces incidents arrivent en même temps que le gouvernement travaille sur une nouvelle politique en matière d’itinérance qui doit notamment cibler la formation des policiers. Et parmi les outils dont on devrait équiper en priorité nos agents de la « paix », souhaitons qu’il y ait la compassion et l’empathie envers leurs frères. Car nul ne peut dire, y compris parmi les policiers, que jamais ils ne se retrouveront dans cette situation de détresse, devant des flics armés jusqu’aux dents. Alain Magloire, 41 ans, père de deux enfants, était détenteur d’un baccalauréat en biologie moléculaire de l’UQAM.