La députée NPD de Saint-Hyacinthe-Bagot aux Communes n’aime pas faire durer le suspense. À 15 mois des prochaines élections, elle a déjà annoncé qu’elle ne solliciterait pas un autre mandat. Elle passera son tour.
Cela étonne un peu. Moins sa décision comme telle que le moment choisi pour faire part de ses intentions et sa volonté de terminer son actuel mandat. On aurait pu croire qu’elle aurait profité de son congé de maladie de six mois en 2013 pour faire le point sur son avenir et prendre les décisions qui s’imposent à son retour. Mais son idée d’accrocher son tailleur de politicienne est maintenant faite et repose sur de nobles raisons. Elle adore servir la population, mais elle n’aime pas la politique et ses exigences. C’est honorable de l’admettre et de céder sa place.Comme nombre de ses collègues qui ont été élus à la dernière élection fédérale, Marie-Claude Morin s’est fait prendre au piège d’une improbable victoire en mai 2011. La victoire d’un chef charismatique et d’un parti rempli de promesses. Au Québec du moins, puisque le NPD était sans passé et sans lourd héritage. La vague orange a donc poussé vers Ottawa des candidats qui se sont retrouvés soudainement à la bonne place, au bon moment, et surtout derrière le bon chef : Jack Layton. Avec le recul, Mme Morin sera sans doute la première à admettre qu’elle était mal préparée pour ce qui a suivi, malgré toute sa bonne volonté. Disons qu’elle n’avait pas le profil d’une militante convaincue et d’une politicienne de carrière, contrairement à la députée bloquiste qu’elle a délogée dans le comté.Outre un engagement certain dans le milieu communautaire, Marie-Claude Morin avait surtout la fraîcheur, la fougue et l’insouciance de la jeunesse.Trois ans plus tard, l’insouciance a fait place à une solide prise de conscience. « J’ai envie d’avoir plus de temps pour moi, pour mon conjoint et pour mes amis. Je suis encore jeune et j’ai d’autres projets personnels que je ne voulais pas mettre en veilleuse pour quatre autres années. » Un gros bravo pour l’honnêteté et l’intégrité.Elle a d’ailleurs toujours donné l’impression que le rôle de député était pour elle un rôle de composition et d’être nettement plus à l’aise et confortable sur le terrain, dans son milieu, que sur les lointaines banquettes du Parlement à Ottawa.Nous n’avons jamais réellement senti qu’elle avait des réflexes aiguisés de politicienne, ni la joute politique inscrite dans son ADN. Pas plus maintenant qu’à ses débuts d’ailleurs. Nous en avons eu la preuve avec l’expulsion des Pavon-Aguila, un dossier qui n’a certes pas été mené rondement par son équipe. Lors de la grande manifestation de solidarité organisée à l’égard de cette famille, aucune pétition n’était disponible pour recueillir la signature des quelque 200 sympathisants réunis à cette occasion. Mieux soutenue et encadrée par une équipe aguerrie afin de compenser son inexpérience, Mme Morin aurait pu se démarquer davantage, mais la verte recrue a fait l’erreur de mal s’entourer.Il y a eu beaucoup de changements parmi sa garde rapprochée au cours de ce mandat et nous ne sommes pas convaincus que la distance qui s’est installée entre elle et sa mentore de l’époque, Brigitte Sansoucy, l’a bien servie au final. Mme Sansoucy, candidate pressentie pour prendre sa relève sur le bulletin de vote l’an prochain, occupe la fonction de vice-présidente nationale du NPD. Il apparaît pour le moins étonnant d’apprendre que les deux femmes n’ont eu aucun contact stratégique depuis décembre 2011. Dans un comté tricoté serré, où les membres actifs du NPD forment un clan restreint, cela tient presque de l’exploit d’arriver à s’ignorer si longtemps.Enfin, souhaitons que Mme Morin prenne plaisir à terminer son mandat et qu’elle y consacrera tous les efforts nécessaires, maintenant qu’elle n’a plus la pression d’assurer sa réélection. Même si son héritage politique sera assez limité, nous sommes convaincus qu’elle trouvera une façon bien à elle de poursuivre son engagement communautaire pour le bien des Maskoutains et pour son bien-être personnel.