« Au moment du décoffrage du béton, des éléments de non-conformité pouvant affecter la durabilité de l’ouvrage ont été constatés. Il y avait présence de nids d’abeilles (fendillement) dans le béton et un problème avec des joints de coulée », a indiqué Véronique Lamarre, porte-parole du ministère des Transports pour l’Est de la Montérégie.
Le nouveau pont Ménard a été réalisé par la firme Bricon, de Saint-Bruno-de-Montarville, en vertu d’un contrat de 1 216 466 $ que le MTQ a conclu avec elle le 4 août. Selon l’échéancier qui avait été établi, les travaux auraient dû être achevés le 2 novembre, mais ce n’est qu’au cours du mois de décembre que le Ministère a pu procéder à des inspections de fin de projet.
« L’entrepreneur a pris beaucoup de retard, au moins deux ou trois semaines, et certains travaux ne sont pas encore complétés, comme l’asphaltage permanent », a mentionné Mme Lamarre.
Lorsque joint par LE COURRIER, le 23 décembre, elle n’a pas été en mesure de préciser à quel moment le pont pourrait être ouvert à la circulation. « De nouvelles analyses seront réalisées et le Ministère prendra une décision à la fin de janvier. Tant que les résultats des analyses ne seront pas connus, le pont sera gardé fermé. Il faut s’assurer qu’il est sécuritaire pour les usagers de la route », a ajouté Véronique Lamarre. Elle a précisé que c’est la façon dont les travaux ont été exécutés qui était en cause, et non la composition du béton lui-même.
Le MTQ avait d’abord informé la municipalité que le pont Ménard serait rouvert le 2 décembre, puis a repoussé ce moment au 22 décembre. Mais le maire de La Présentation, Claude Roger, n’a pu que constater que rien ne s’est produit, le jour venu. « On sait qu’il y a un problème avec le ciment, mais le Ministère ne nous a même pas avisés que le pont resterait fermé. Je n’en reviens pas », fulminait-il la semaine dernière.
Martin Bazinet, un conseiller municipal qui réside dans le rang Salvail Sud, à deux pas du pont, craint que cette route qui relie La Présentation à Saint-Jude reste coupée durant plusieurs mois encore. Depuis que le pont est fermé, lui-même et plusieurs agriculteurs du rang doivent se taper des détours de 15 kilomètres pour accomplir leurs tâches quotidiennes. « On est pris dans une petite guerre entre le MTQ et l’entrepreneur Bricon. C’est encore le citoyen qui est brimé à cause d’une chicane d’ingénieurs », a-t-il déploré.
Selon lui, c’est la qualité du coulage du béton qui est à l’origine du problème; il a pris des photos montrant plusieurs imperfections dans la nouvelle structure. Mais il a aussi constaté que l’ouvrage était suffisamment solide pour que des camions chargés de matériaux de remblai passent dessus avant l’asphaltage du tablier, le 19 décembre. Les travaux d’aménagement des accès au pont se sont poursuivis la semaine dernière, a noté LE COURRIER en visitant les lieux.
M. Bazinet a mentionné que le conseil municipal allait insister pour qu’un représentant du Ministère soit présent à sa séance publique du 13 janvier. « On veut avoir des nouvelles », dit-il.
Outre Bricon, deux bureaux d’ingénieurs ont obtenu des mandats dans ce dossier l’été dernier. Le MTQ a fait appel au Groupe ABS, de Saint-Rémi, pour le contrôle qualitatif des matériaux (contrat de 36 645 $) et à la firme Aecom Consultants, de Longueuil, pour l’accompagnement durant la réalisation des travaux (contrat de 30 437 $).