À Longueuil, un déversement « mineur » de 30 000 litres de diesel a privé 300 000 personnes d’eau potable et la ville est poursuivie pour 30 millions de dollars. Ce n’était qu’une toute petite fuite, mais qui a pourtant eu des conséquences énormes pour la population visée.
Imaginez maintenant un gros déversement bien juteux et bien bitumineux entre Gatineau et Sorel, quand pipelines, trains et superpétroliers vont se croiser sur la nouvelle autoroute de l’or noir, le fleuve St-Laurent. Qui s’adonne aussi à être la source d’eau potable de près de la moitié des Québécois, soit environ 4 millions de personnes. Et si vous en avez envie, évaluez-en les coûts économiques, environnementaux et sociaux.
Sortez votre calculatrice, vous n’avez pas fini de compter.
J’essaie même pas de faire peur. La question n’est pas de savoir « SI » un déversement majeur va arriver, mais QUAND? Longueuil n’était que le dernier événement d’une liste qui s’allonge sans arrêt. Des déversements se produisent au moins tous les dix jours, selon Transport Canada. Une épave qui laisse fuir son carburant, des vidanges d’huiles usées « échappées » des grands paquebots ou des pipelines qui pètent sous pression, c’est le quotidien de notre fleuve.
Et pour ses propres chiffres, Transport Canada ne peut se fier qu’à la bonne foi des fautifs. Ce qu’on sait, c’est ce qu’ils ont bien voulu nous dire. Pour le reste… c’est peut-être pour ça que la plupart du temps ce sont les citoyens qui détectent les fuites.
Mais la plus dangereuse fuite, la plus grosse et pourtant la plus difficile à voir n’est pas dans le fleuve, elle est dans nos têtes. Cette fuite en avant qui nous commande que l’économie et le pétrole passent avant tout le reste…
Levons un grand verre de diesel à notre santé!