Un avis de démolition a été placardé il y a quelques jours sur le vaste bâtiment de brique qui abritait la manufacture de textile E.T. Corset, établie en 1892 par J.N. Dubrule et Octave Gendreau, révèlent les éphémérides du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe.
Situé au 1650-1700 boulevard Laframboise, à l’angle de la rue Delorme, ce bâtiment commercial désaffecté se trouve juste à côté de l’emplacement Goodyear, un autre lieu important dans l’histoire industrielle de la ville. Les derniers vestiges de la Goodyear – la longue section basse qui était surmontée d’un toit vitré à redans – ont été démolis en janvier 2014 par le nouveau propriétaire, le promoteur immobilier Stéphane Arès.
Selon les informations qu’a pu obtenir LE COURRIER, M. Arès, qui était en vacances cette semaine, serait également le demandeur du permis de démolition dans le dossier E.T. Corset. Le dernier propriétaire connu de l’immeuble est Guillaume Perez, un citoyen de Carignan qui en a fait l’acquisition en novembre 2007.
À partir du moment de l’affichage, les personnes qui voulaient s’opposer à la démolition disposaient de dix jours pour se manifester et soumettre leurs arguments par écrit.
Tel que mentionné sur l’avis, le comité de démolition s’est réuni en séance publique le lundi 9 mars à 8 h 30 dans les locaux du service de l’Urbanisme pour analyser les commentaires qui auraient pu être formulés en opposition à la démolition. « Mais nous n’avons rien reçu », a indiqué la conseillère du district Cascades, Sylvie Adam, qui siège au comité de démolition avec ses collègues Jacques Denis et Nicole Dion-Audette. Ni Mme Adam, ni M. Denis, que LE COURRIER a joint aussi, n’ont été en mesure de confirmer l’identité du demandeur.
Selon Mme Adam, la vieille fabrique E.T. Corset se trouve dans un état de délabrement avancé. « Nous avons vu des photos et beaucoup de documents à l’appui. À un certain endroit, il n’y a plus de toit, ça s’est écroulé », a-t-elle affirmé. Voilà qui laisse peu de doutes sur la décision que rendra le comité, après en avoir discuté avec les membres du conseil, en plénière. Si son verdict est favorable à l’émission du permis de démolir, tout opposant disposera d’un délai de 30 jours pour interjeter appel devant le conseil municipal.
Cette demande de permis de démolition est assurément en lien avec le projet de modification de zonage que le conseiller du district Sacré-Coeur et membre du comité du patrimoine, David Bousquet, a présenté en avis de motion à la séance du 2 mars, mais sans parler de la démolition à venir.
Bousquet furieux
« Écoutez, je suis le conseiller du secteur et je n’étais même pas au courant. C’est une information qui n’a même pas été transmise au conseil, l’administration ne nous en a pas informés officiellement (de la demande de permis de démolir). Je l’ai appris lorsque l’avis a été posé, le 9 mars », a commenté le conseiller Bousquet, lorsque joint mercredi.
En fait, selon ce qu’on lit sur l’avis de démolition apparu sur la bâtisse, il a été émis le 27 février par la greffière, Hélène Beauchesne, mais il semble que bien peu de gens l’aient remarqué avant cette semaine. « Je trouve ça désolant que les conseillers ne soient même pas au courant. Lundi, on a rencontré le directeur de l’Urbanisme (Yvan Gatien), et il ne nous en a même pas parlé. Le fait qu’on ne nous en parle pas ressemble à une stratégie pour nous en passer une p’tite vite. On dirait que ça devient la façon de faire à Saint-Hyacinthe et ça me fâche royalement », s’insurge-t-il.
Outre les sites Goodyear et E.T. Corset, la zone visée par la modification au règlement d’urbanisme comprend aussi l’ancienne usine Les Orgues canadiennes, un édifice de briques datant de 1910 qui n’a rien perdu de ses qualités architecturales. Est-il menacé lui aussi? Chose certaine, rien ne le protège dans la réglementation.
La Ville souhaite la « requalification » de tout cet espace en zone résidentielle haute densité où on permettrait, entre autres choses, que le nombre d’étages passe de trois à cinq, même à proximité des voies ferrées du CN.