Ce promoteur est l’oncle par alliance de Claude Corbeil. « Gilles est le conjoint de ma tante, la soeur de ma mère. C’est sûr qu’on se connaît », a reconnu le maire Corbeil, lorsqu’interrogé par LE COURRIER au sujet d’une information dont le journal voulait vérifier la véracité.
Claude Corbeil a laissé entendre qu’il n’a jamais vraiment côtoyé son oncle Lépine. « On se voit juste une fois par année », a-t-il soutenu. Il est ensuite demeuré vague quant aux circonstances qui ont amené Gilles Lépine dans le dossier Goodyear – E.T. Corset. « Ça nous arrivait par l’Urbanisme. Ça fait un bail (qu’ils sont dans le dossier), Gilles Lépine et d’autres aussi », a-t-il précisé, en parlant de l’intérêt manifesté par des promoteurs pour le site en question.
De toute évidence, d’être questionné sur la présence de M. Lépine dans cette affaire le mettait mal à l’aise. « C’est mon oncle par alliance, il faut que je reste loin (du dossier), c’est clair », a conclu le maire Corbeil.
Ça se passait lundi après-midi, quelques heures avant la séance du conseil municipal. Au caucus qui a précédé la réunion publique, le maire Corbeil a informé les conseillers que son oncle par alliance était lié au dossier E.T. Corset et qu’un journaliste l’avait interpellé à ce sujet.
La semaine dernière, Gilles Lépine a confirmé au COURRIER que son entreprise avait présenté une offre d’achat conditionnelle pour l’ancien site industriel Goodyear – E.T. Corset et que cette proposition avait été acceptée.
Pour le moment, ces deux immeubles appartiennent à une compagnie à numéro dont les actionnaires sont le courtier immobilier Stéphane Arès, qui agit comme président, et la firme d’excavation Bertrand Mathieu, de Saint-Hyacinthe.
Joint mardi par LE COURRIER, Stéphane Arès a corroboré les dires de Gilles Lépine au sujet de l’offre d’achat. Mais il a affirmé qu’il ignorait l’existence d’un lien de parenté entre M. Lépine et le maire Corbeil. « Vous me l’apprenez », a-t-il dit.
Il a soutenu que la première fois qu’il a entendu parler du Groupe Bellus, c’était sur les pentes de ski de Bromont, où il possède un condo. « Ils ont un gros projet à Waterloo présentement. Les gens de Bellus, ce n’est pas d’hier que je leur parle. Je les ai rencontrés à Bromont en 2013-2014 », a indiqué Stéphane Arès.
C’est lui qui, avec l’accord de la Ville, a fait démolir la dernière section de l’usine Goodyear, en janvier 2014, et qui souhaite maintenant obtenir un permis de démolition pour l’ancienne manufacture E.T. Corset, construite en 1892 à l’angle du boulevard Laframboise et de la rue Delorme, tout près de la gare.
À la demande de citoyens opposés à cette destruction, le dossier a été entendu en appel par le conseil municipal. Les élus doivent maintenant décider s’ils accordent le permis de démolition, ou s’ils annulent la décision favorable rendue par le comité de démolition.
À partir de maintenant, le maire Claude Corbeil serait bien avisé de se retirer de toute discussion concernant ce dossier, ce qu’il semble d’ailleurs avoir bien compris. En 2011, les élus de la Ville de Saint-Hyacinthe se sont dotés, par règlement, de règles d’éthique dans le but, notamment, de prévenir « toute situation où l’intérêt personnel du membre du conseil peut influencer son indépendance de jugement dans l’exercice de ses fonctions ».
Le code d’éthique précise notamment qu’il est interdit à tout membre du conseil d’agir, de tenter d’agir ou d’omettre d’agir de façon à favoriser, dans l’exercice de ses fonctions, ses intérêts personnels ou, « d’une manière abusive, ceux de toute autre personne ».