Ce projet vise à centraliser les analyses produites par les centaines de laboratoires du Québec en 11 grappes, chacune dotée d’un laboratoire serveur.
En plus des échantillons de Saint-Hyacinthe, ceux de Saint-Jean-sur-Richelieu, Sorel-Tracy, Longueuil (Pierre-Boucher), entre autres, seront analysés par le mégalaboratoire de l’Hôpital Charles-Lemoyne.
Dans le cas du centre hospitalier Honoré-Mercier, de 70 à 80 % des spécimens prendront la route de Longueuil, estime la vice-présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Nicole Déry.
Seuls les échantillons prélevés sur les patients hospitalisés sur les étages ou à l’urgence continueront d’être analysés au laboratoire de Saint-Hyacinthe. « Disons qu’il ne restera plus grand-chose de la microbiologie et de la pathologie à Saint-Hyacinthe après le regroupement », juge-t-elle.
« Parmi les impacts à pr��voir, il y a celui de la qualité des prélèvements. La pire chose que l’on peut se faire dire en tant que patient est que l’on doit recommencer le prélèvement, car il est endommagé ou perdu. Certains échantillons se stabilisent pour le transport, mais d’autres peuvent difficilement l’être », dénonce Mme Déry, en évoquant les ratés qu’ont connus les laboratoires centralisés du Centre universitaire de santé McGill récemment.
Nicole Déry craint également que le transport des échantillons engendre une augmentation du stress chez les technologistes médicaux, responsables d’assurer la qualité des résultats obtenus. « Nous tenons pour acquis que le prélèvement que nous avons sous les yeux est 100 % viable et c’est sur cela que nous basons notre analyse. »
Du côté de l’Ordre professionnel des technologistes médicaux du Québec (OPTMQ), on s’inquiète de la traçabilité des échantillons.
Au début de 2016, le ministre de la Santé devrait lancer un appel d’offres pour l’implantation d’un système informatisé provincial. « Je le dis entre guillemets, mais ce système devrait assurer la traçabilité des échantillons. Le ministre ne veut pas que le projet soit mis en place avant l’arrivée du système informatique », a indiqué la présidente de l’OPTMQ, Nathalie Rodrigue.
Le cabinet du ministre Gaétan Barrette n’avait pas répondu à la demande d’entrevue du COURRIER au moment de mettre sous presse.
Investir dans le béton
Si Québec compte engendrer des économies grâce à la centralisation des laboratoires, l’APTS n’est pas du même avis. D’après Nicole Déry, le laboratoire de l’Hôpital Charles-Lemoyne n’a pas la capacité physique pour accueillir la forte croissance d’échantillons à venir.
Dans un reportage de Radio-Canada, on indique que Longueuil traitera 282 % d’analyses en plus.
« Le gouvernement n’est pas gêné de me dire que physiquement, on manque de place à Charles-Lemoyne. On va encore investir dans le béton plutôt que dans les soins aux patients », s’insurge Mme Déry.
À preuve, cite-t-elle, on a mis un terme aux travaux d’agrandissement du laboratoire de l’Hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu l’été dernier, pourtant presque terminés, puisque les activités seront transférées du côté de Longueuil. À peine 30 à 40 % de l’espace sera consacré aux laboratoires.