Comme il ne reste presque plus de lots résidentiels vacants sur son territoire, cela signifie peu ou pas du tout de nouvelles habitations dans un avenir prévisible. Telle est la plus grave conséquence des changements que la MRC des Maskoutains a dû apporter à son schéma d’aménagement révisé (SAR) de 2003 pour le rendre conforme aux nouvelles exigences du gouvernement en matière de gestion des périmètres urbains dans la couronne périmétropolitaine.
Ces modifications au SAR font l’objet d’un règlement qui a été adopté par le conseil des maires à sa séance du mois de décembre, mais sans l’accord de Raymonde Plamondon, maire de Saint-Valérien-de-Milton. Elle a tout naturellement voté contre ces amendements au schéma qui affecteront sérieusement la croissance de cette municipalité de 1 903 habitants.
Mme Plamondon a aussi écrit au ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, Pierre Moreau, pour se plaindre de la situation et solliciter une rencontre avec lui. « La Municipalité est très consciente que le portrait régional permet un inventaire de ce qui compose les noyaux villageois des municipalités de la MRC. Cependant, ça remet aux calendes grecques la poursuite du développement de notre municipalité étant donné une densité de 12 unités par hectare imposée par votre gouvernement », souligne-t-elle dans sa lettre.
Logements par hectare
Comme elle l’a expliqué au COURRIER, l’atteinte d’une densité minimale de 12 logements par hectare (l/ha) est une impossibilité à Saint-Valérien étant donné que ce seuil ne concerne que les agglomérations desservies par l’égout et l’aqueduc. Comme le noyau villageois de Saint-Valérien n’est traversé que par un réseau d’égout, la nouvelle norme prive le village de toute construction nouvelle. Les 16 autres municipalités de la MRC se trouvent dans une situation bien différente puisqu’elles offrent toutes les deux services sur au moins une partie de leur territoire. À Saint-Barnabé Sud, les installations d’épuration des eauxseront complétées en 2015. Auparavant, un seuil minimal de 6 l/ha s’appliquait aux municipalités pourvues d’un seul service – dans ce cas, une maison pouvait être construite sur un terrain de 1 500 mètres carrés -, mais cette norme n’existe plus.
« Il sera donc impossible pour la municipalité de Saint-Valérien-de-Milton de donner son approbation au portrait régional de la MRC des Maskoutains tel qu’il est présenté avec les objectifs fixés étant donné que le réseau d’aqueduc n’est pas offert aux citoyens. Les critères seront impossibles à respecter », insiste Mme Plamondon dans sa lettre au ministre Moreau.
Pour Saint-Valérien, la solution idéale serait qu’elle puisse se doter au plus vite d’un système d’aqueduc, mais que ce soit sur le plan financier ou technique, cela reste beaucoup plus facile à dire qu’à faire. « Pour le service d’aqueduc, on peut oublier ça : il n’y a plus de programme de subvention pour ça et sans subvention, c’est beaucoup trop dispendieux. Quand le réseau d’égout a été implanté en 1985-1986, ils avaient pensé à ajouter l’aqueduc, mais ça ne s’est pas réalisé. Et malheureusement, je ne peux pas réécrire l’histoire », a poursuivi la mairesse Plamondon. Elle signale que plusieurs municipalités de la MRC ont pu un jour se raccorder à des réseaux d’aqueduc existants, comme ceux de Saint-Hyacinthe et de la Régie intermunicipale d’aqueduc du Bas-Richelieu, mais que sur ce point, Saint-Valérien était désavantagée par sa situation géographique, aux limites du territoire.
Elle se mettra donc à la recherche d’une autre solution, plus politique celle-là. « La prochaine étape, ce sera un suivi de la lettre au ministre Moreau. Nous n’avons reçu jusqu’ici qu’un accusé de réception. »
Dans le document explicatif du règlement qui a modifié le SAR, la MRC confirme que Saint-Valérien-de-Milton « s’est retrouvée déclassée par rapport au concept d’aménagement du SAR adopté en 2003 qui la présentait au rang de pôle industriel villageois. La perte de nombreux emplois industriels causée par la fermeture de l’entreprise principale de la municipalité (abattoir d’Olymel fermé en 2007), conjuguée à l’absence de réseau d’aqueduc, a conséquemment conféré à la municipalité une caractérisation de noyau villageois », dit le document.
Le problème qui afflige Saint-Valérien découle directement de la fameuse « orientation 10 » contenue dans un addenda qui a modifié, en mai 2011, les orientations gouvernementales en vue de l’élaboration d’un plan métropolitain d’aménagement et de développement. Cette orientation impose de nouvelles mesures de contrôle de l’urbanisation du territoire des MRC entourant la Communauté métropolitaine de Montréal.
Reste à savoir si les modifications apportées au SAR seront approuvées par le ministre et si les prochaines demandes d’exclusions de la zonde agricole en provenant de la MRC des Maskoutains seront acceptées.