« La MRC des Maskoutains, c’est un chiffre d’affaires d’un milliard par année dans l’agroalimentaire, sur 8 milliards $ pour tout le Québec. On n’est pas la capitale de l’agroalimentaire pour rien, et c’est pour ça qu’il nous faut un PDZA de calibre. Il ne faut pas accoucher de n’importe quoi, et on s’est rendu compte qu’on allait accoucher de n’importe quoi. On ne veut pas d’un PDZA qui pourrait s’appliquer aussi bien ici qu’en Gaspésie, d’un document rempli de généralités qui finira sur une tablette, » a expliqué au COURRIER André Mousseau, président du Syndicat de l’UPA de la Vallée maskoutaine.
En octobre dernier, il a écrit à la préfet de la MRC des Maskoutains, Francine Morin et à tous les maires pour leur faire part de l’insatisfaction de l’UPA à l’égard du PDZA, dont l’élaboration cheminait alors depuis plus d’un an et demi.
Dix-huit mois, c’est le temps que devait prendre la MRC pour franchir les quatre étapes d’élaboration du PDZA : adopter une vision commune de la région, en dresser le portrait, établir un diagnostic, puis un plan d’action.
« La divulgation aux partenaires du portrait après 15 mois de travail témoigne d’un processus qui ne va nulle part. Nous n’avons toujours pas accès au diagnostic et au plan d’action (ne serait-ce qu’en document de travail préliminaire) 20 mois après le début du processus. Nous constatons également que les données du CLD Les Maskoutains concernant l’agriculture n’ont pas été intégrées au portrait malgré le fait que l’agriculture soit un moteur économique d’importance dans notre MRC. (…) Par ailleurs, nous sommes persuadés que les grandes lignes du diagnostic et du plan d’action sont déjà tracées après 20 mois de travail et que nous aurions pu travailler ensemble à établir des consensus ciblant les priorités de développement », peut-on lire dans la lettre qui est cosignée par Mario Dupont, le président du Syndicat des Maskoutains Nord-Est, l’autre organisation locale de l’UPA.
MM. Mousseau et Dupont disaient craindre que la MRC se dote d’un PDZA de complaisance lui permettant uniquement de se conformer aux directives gouvernementales visant les MRC de la couronne périmétropolitaine – celles de « l’orientation 10 » de l’addenda au Plan métropolitain d’aménagement et de développement – et de rendre à nouveau possible l’agrandissement des périmètres urbains.
« Le PDZA devrait être novateur, singulier, issu d’un réel processus de concertation, reflétant le dynamisme de l’agriculture maskoutaine et à la hauteur du contexte agricole privilégié dans lequel se trouve la MRC des Maskoutains », poursuivaient les cosignataires, disant exprimer l’inquiétude manifestée par beaucoup de producteurs agricoles.
M. Mousseau a informé LE COURRIER que la direction régionale du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation avait aussi transmis ses observations à la MRC au sujet du PDZA.
« À la suite de ces mises au point, des choses ont changé », a indiqué Caroline Charron, agente syndicale des deux syndicats locaux de l’UPA. Depuis le début, c’est elle qui représente l’UPA au comité directeur du PDZA, où siègent aussi des représentants de la MRC, du CLD, du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et les directeurs généraux des municipalités de Saint-Hyacinthe, Saint-Jude et Saint-Pie.
L’UPA a tenu une rencontre avec les maires afin de bien leur expliquer les raisons de son intervention. « Beaucoup de choses ont été mentionnées, et entre autres que de nombreuses demandes de l’UPA ne débouchaient pas. Nous avons vraiment senti la volonté de tous les partenaires de travailler ensemble à établir des consensus qui reflètent bien la réalité agricole de la MRC », a confié Mme Charron.
Elle s’attendait à ce que le processus en cours dans le dossier PDZA s’achève en avril. Le mandat de la chargée de projet, Hélène Le Blanc, a pris fin le 18 décembre dernier, mais la MRC a fait appel à un consultant pour terminer le travail. L’UPA souhaite bien sûr que les producteurs agricoles soient consultés sur le produit final avant son adoption.