Si en novembre 2014 le conseiller municipal Alain Leclerc avait avancé une somme variant entre 180 000 $ et 200 000 $, tout indique que le montant de 200 000 aurait été dépassé depuis, selon nos sources
Quant à savoir si c’est largement, la question demeure entière puisque seul le CLD a accepté de lever le voile sur les honoraires de 105 000 $ qu’il a payés lors des procédures devant la Commission d’accès à l’information.
Du côté de Saint-Hyacinthe Technopole, qui a repris en main les affaires de la Cité de la biotechnologie, on se réfugie toujours derrière la nature privée de cette organisation pour retenir cette information. « Nous avons toujours refusé de les révéler, mais nous pourrions le faire si jamais DBC (LE COURRIER) acceptait de mettre ses propres frais sur la table. Nous ne sommes pas une organisation publique comme peut l’être une ville, alors nous n’avons pas à tout divulguer », souligne André Barnabé, directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole et dernier président de la Cité de la biotechnologie, de 2012 à 2015.
Informé que l’éditeur du COURRIER avait décidé de le prendre au mot et de lui remettre ses factures en échange de celles de la Cité, M. Barnabé s’est finalement révisé. « Non, nous ne le ferons pas. Nous voulons tout comme vous tourner la page et passer à autre chose. Ce n’est pas en rebrassant tout cela que nous allons nous aider mutuellement. »
M. Barnabé n’a d’ailleurs pas caché qu’il n’avait pas tellement apprécié à l’époque la sortie de M. Leclerc à propos des frais juridiques engagés dans ce dossier. M. Leclerc siégeait alors au conseil d’administration du CLD et de la Cité. « Ce n’était pas son rôle de répondre à ça. Ça n’avait aucun sens de faire circuler de l’information comme celle-là, car ça ne servait en rien l’organisation », a précisé M. Barnabé, en disant avoir fait le point avec le principal intéressé au terme de cette fameuse sortie.
Peu importe le montant dépensé dans cette saga sur fond de transparence, M. Barnabé n’est pas prêt à dire que ces honoraires d’avocats ont été du gaspillage et que cet argent aurait pu être mieux investi ailleurs. « Nous avons des obligations en tant qu’organisation et nous devons prendre nos responsabilités quand cela est nécessaire. Il y a un coût pour cela et nous avons décidé de l’assumer. »
Parlant de coûts à assumer, André Barnabé réfute aussi l’idée que la Cité de la biotechnologie ait pu se développer et même prospérer sur le bras de l’ancien CLD, en profitant de la proximité et de la confusion générale régnant autour du partage des ressources, du personnel et des missions respectives.
« La Cité a toujours été l’outil que s’est donné le CLD pour contribuer au développement économique de la région, et cela incluait Saint-Hyacinthe. Le CLD n’aurait jamais pu devenir propriétaire de terrains ou de bâtisses et encore moins négocier des dons de terres avec le MAPAQ. Si le CLD a cru nécessaire de se développer à travers un autre outil [la Cité], où est le problème dans ce cas? »
Quand on lui rappelle les problèmes de reddition de compte et de gouvernance mis en lumière par l’enquête du COURRIER en 2013, il se fait philosophe.
« Je ne dirai pas que l’on avait complètement perdu le contrôle, mais des choses auraient pu être mieux. Tout n’est pas parfait à Saint-Hyacinthe Technopole non plus, mais nous avons la volonté de bien faire les choses et de s’améliorer. »
M. Barnabé a précisé que seulement deux cartes de crédit corporatives étaient en circulation à Saint-Hyacinthe Technopole et que ce nombre allait être incessamment réduit à une. Pour sa part, il dit utiliser sa carte de crédit personnelle pour les dépenses effectuées dans le cadre de ses fonctions, dépenses qu’il reporte ensuite sur son compte de dépenses avec les pièces justificatives.
Le mot de la fin sur le CLD
Puisque cette entrevue a été réalisée quelques jours seulement après l’assemblée de dissolution du CLD Les Maskoutains au début du mois de novembre, nous en avons profité pour demander à M. Barnabé quels étaient ses sentiments à l’égard de la disparition du CLD local.
« Les activités du CLD demeurent et en principe le fait qu’elles soient reprises par Développement économique au sein de la MRC ne changera pas grand-chose. On ne peut pas parler de la fin de quelque chose. Si tel était le cas, ce serait mal avisé, car nous avons une bonne organisation qui joue bien son rôle. »
M. Barnabé mentionne également qu’il n’a pas lu le rapport du vérificateur général du Québec au sujet des fonds alloués aux CLD du Québec, publié l’hiver dernier.
Outre des problèmes de reddition de comptes, ce rapport faisait état de plusieurs cas de détournement de fonds dans les CLD, alors que des fonds destinés à l’aide aux entreprises pouvaient parfois servir à payer des dépenses purement administratives.
« Non je n’ai pas lu ce rapport. Je ne suis pas impliqué au niveau du CLD, alors je ne commencerai pas à commenter ces conclusions. »