L’inauguration a pris la forme d’une journée Portes ouvertes qui a permis à des dizaines de curieux et de précieux partenaires de visiter les installations valoises de 27 000 pieds carrés qui prennent la relève du couvoir Jolibec de Saint-Félix-de-Valois. Ce dernier sera définitivement fermé.
Une bonne quinzaine d’emplois sont ainsi créés à Acton Vale, ce que n’a pas manqué de souligner le maire Éric Charbonneau. Ce dernier avait du mal à contenir son excitation au terme de la visite guidée des lieux. Cette inauguration représentait pour lui l’aboutissement de longs mois de négociations entre l’entreprise et la Corporation de gestion et de promotion du parc industriel d’Acton Vale, le bras économique de la Ville d’Acton Vale. Outre le soutien technique approprié et étroit, l’organisme a consenti un congé de taxes foncières de trois ans à l’entreprise pour la convaincre de s’installer à Acton Vale. « C’est la norme en pareilles circonstances et toutes les municipalités font à peu de choses près la même chose. On estime que le jeu en vaut la chandelle dans le cas de Boire & Frères. On regarde les emplois créés, l’investissement et les revenus de taxes au bout de trois ans et on se dit que toute la communauté en sortira gagnante », a mentionné le maire Charbonneau.
La production s’amorcera dans à peine un mois puisque les premiers oeufs d’incubation sont attendus le 16 novembre en provenance de fermes situées à Sainte-Christine et à Saint-Germain-de-Grantham. Les oeufs passeront ensuite 18 jours dans l’une des trois salles d’incubation du couvoir qui ensemble ont une capacité d’entreposage de 1,3 M d’oeufs sous incubation. Au bout de cette période, les oeufs seront ensuite transférés pour trois jours dans l’une des deux salles d’éclosion d’une capacité totale de 258 000 oeufs. On estime la production hebdomadaire à quelque 210 000 poulettes. Ces dernières prendront ensuite la route vers des producteurs d’oeufs de consommation situés aux quatre coins du Québec ainsi que dans l’Est de l’Ontario.
Une entente correcte
Le couvoir OVO d’Acton Vale est la plus récente réalisation de Boire & Frères, une entreprise fondée par Gérard Boire à la fin des années 1920.
Presque 90 ans plus tard, l’entreprise compte des couvoirs, des fermes d’élevage, des fermes de reproduction, des fermes de reproduction pour vaccins, des fermes de poulet de chair et des fermes de production d’oeufs de consommation de Victoriaville à Mirabel, en passant par la région de Saint-Hyacinthe, Acton Vale et Wickham où loge son siège social.
En tout et partout, l’entreprise emploie plus de 400 personnes et se targue d’être le plus grand couvoir au Canada et d’occuper 40 % du marché de poussins au Québec.
Dans un tel contexte, impossible de discuter avec la haute direction de Boire & Frères sans aborder les impacts de l’accord de libre-échange du Partenariat transpacifique impliquant le Canada. Quelques jours avant l’accord de principe conclu entre les 12 pays signataires le 5 octobre, des employés de Boire & Frères avaient participé à la manifestation tenue à Saint-Hyacinthe réclamant le maintien de la gestion de l’offre dans son intégralité. Or, l’entente qui reste à être approuvée par les parlements nationaux prévoit que les producteurs étrangers pourront accaparer jusqu’à 2,3 % pour les oeufs, 2,1 % pour le poulet, 2 % pour le dindon et 1,5 % pour les oeufs d’incubation de poulets de chair. « Nous sommes affectés à différents niveaux vu la diversification de nos activités, reconnaît Éric Stejskal, directeur général de Boire & Frères. Il est encore trop tôt pour savoir jusqu’à quel point. Nous aurions préféré le statu quo, mais en même temps nous n’y croyions pas trop. Nous savions bien qu’il faudrait donner d’un côté pour avoir accès aux marchés étrangers, et à ce niveau ce que l’on donne ne semble pas être catastrophique. Pour l’entreprise, nos acquis demeurent, c’est au niveau de notre croissance future qu’il pourrait y avoir des impacts. Je considère quand même que cette entente protègera notre industrie à long terme. J’ai hâte d’avoir les détails des compensations : combien, comment et quand? »
Rappelons que l’accès aux producteurs étrangers s’accompagnera de compensations pour nos producteurs nationaux, pouvant atteindre 4,3 milliards sur 15 ans.