Vers une eau pure
Il faut croire cependant que le déplacement de la prise d’eau en amont des habitations et des usines maskoutaines ne règle pas tout, car en mars 1897, le conseil municipal fait de nouveau appel à Mgr Charles-Philippe Choquette, alors directeur-chimiste de la station expérimentale du Département de l’agriculture, pour savoir si l’eau de la Yamaska est convenable à la distribution domestique.
Mgr Choquette recommande alors de traiter l’eau pompée de la rivière à l’alun pour ainsi la rendre potable. La même année, les travaux de construction du nouvel aqueduc sont entamés. Il s’agit en fait de l’actuelle bâtisse que nous retrouvons près de la porte des Anciens Maires.
Il faut mentionner que durant cette période, les autorités maskoutaines laissent sur la table d’autres projets d’approvisionnement en eau, comme celui d’alimenter Saint-Hyacinthe à partir du lac Hertel situé sur le mont Saint-Hilaire.
Les années qui suivent sont marquées encore une fois par des critiques à l’endroit de la qualité de l’eau fournie par l’aqueduc municipal. Les journalistes du Courrier de Saint-Hyacinthe suggèrent même de ne plus boire d’eau provenant de la rivière Yamaska. Pour en convaincre leurs lecteurs, ils vont même jusqu’à les inviter dans leurs locaux du journal afin de montrer les résultats d’une expérience durant laquelle ils séparent les résidus présent dans l’eau, ce qui, selon eux, les : « […] dégoutera à jamais de boire de l’eau de l’Yamaska ».
Quelque temps après cet évènement, un règlement décrété, concernant l’installation de filtres à gravité pour l’aqueduc, est soumis aux électeurs propriétaires fonciers de Saint-Hyacinthe. Du nombre des 1 100 électeurs, 335 se sont déplacés, dont 181 étaient en faveur du règlement et 154 contre. Selon les journalistes, la plupart des médecins de Saint-Hyacinthe ont voté en faveur du règlement. Si l’on se fie aux propos de Denis Goulet et Robert Gagnon dans Histoire de la médecine au Québec – 1800-2000, il semble cependant que Saint-Hyacinthe fasse figure d’exception au niveau de la province sur ce dernier point. En effet, un article de
En effet, un article de L’Union médicale du Canada, datant de 1928, rapporte que : « […] trop souvent, malheureusement, l’opposition que l’on rencontre dans les municipalités lorsqu’il faut améliorer l’eau, c’est le médecin de l’endroit qui croit que la chose n’est pas nécessaire ». Goulet et Gagnon attribuent cette situation au fait que parfois, les médecins ont des liens très étroits qui les unissent aux autorités municipales, notamment lorsqu’ils siègent au conseil municipal. La question monétaire se présente alors comme un frein à l’installation de certains services.Concernant l’appui des médecins maskoutains au projet de filtre, il faut spécifier qu’au moment de se prononcer sur le règlement, le vote secret n’est pas encore instauré, ce qui permet aux journalistes du Courrier de connaître leur position sur la question. Pour la petite histoire, cette situation donne lieu à une situation cocasse : « Un des meilleurs moments que passèrent ceux qui suivaient le vote fut celui où l’un des plus acharnés adversaires du projet amena jusqu’au poll un de ses amis intimes. – Tu vas voter, dit-il, en homme intelligent. – Et les pointeurs enregistraient déjà un « contre », lorsque l’interpelé, après un coup d’oeil narquois, répondit d’une voix ferme : – Pour – On en eut la colique d’avoir ri ».Certains voyaient dans l’installation du filtre : « […] la nécessité et l’urgence d’une protection contre la maladie et la mort ». Malgré l’opposition de certains médecins au Québec, il reste que la décision d’aller de l’avant avec l’installation d’un filtre à l’aqueduc municipal de Saint-Hyacinthe s’inscrit dans une tendance marquée du début du siècle, notamment sur la question de la compréhension émergente des risques que représente la contamination d’une source d’eau où s’approvisionne une population. Comme l’expliquent Goulet et Gagnon : « Au Québec, la « révolution pasteurienne » qui s’amplifie à partir des années 1900 implique, en effet, une conception plus cohérente des maladies infectieuses fondée sur de nouvelles méthodes scientifiques. La contagion est désormais perçue comme une intrusion d’êtres vivants microscopiques capables de se multiplier chez l’hôte et de se propager par des vecteurs aériens, hydriques, animaux, etc. ». Comme nous le verrons dans la prochaine section, le point de vue sanitaire s’impose dès lors comme un enjeu central dans les diverses querelles qui marquent les années suivant la Seconde Guerre mondiale, notamment en ce qui a trait à la double utilisation de la Yamaska, soit comme source d’eau et comme déversoir pour les agglomérations urbaines du bassin.
Concernant l’appui des médecins maskoutains au projet de filtre, il faut spécifier qu’au moment de se prononcer sur le règlement, le vote secret n’est pas encore instauré, ce qui permet aux journalistes du Courrier de connaître leur position sur la question. Pour la petite histoire, cette situation donne lieu à une situation cocasse : « Un des meilleurs moments que passèrent ceux qui suivaient le vote fut celui où l’un des plus acharnés adversaires du projet amena jusqu’au poll un de ses amis intimes. – Tu vas voter, dit-il, en homme intelligent. – Et les pointeurs enregistraient déjà un « contre », lorsque l’interpelé, après un coup d’oeil narquois, répondit d’une voix ferme : – Pour – On en eut la colique d’avoir ri ».
Certains voyaient dans l’installation du filtre : « […] la nécessité et l’urgence d’une protection contre la maladie et la mort ». Malgré l’opposition de certains médecins au Québec, il reste que la décision d’aller de l’avant avec l’installation d’un filtre à l’aqueduc municipal de Saint-Hyacinthe s’inscrit dans une tendance marquée du début du siècle, notamment sur la question de la compréhension émergente des risques que représente la contamination d’une source d’eau où s’approvisionne une population.
Comme l’expliquent Goulet et Gagnon : « Au Québec, la « révolution pasteurienne » qui s’amplifie à partir des années 1900 implique, en effet, une conception plus cohérente des maladies infectieuses fondée sur de nouvelles méthodes scientifiques. La contagion est désormais perçue comme une intrusion d’êtres vivants microscopiques capables de se multiplier chez l’hôte et de se propager par des vecteurs aériens, hydriques, animaux, etc. ».
Comme nous le verrons dans la prochaine section, le point de vue sanitaire s’impose dès lors comme un enjeu central dans les diverses querelles qui marquent les années suivant la Seconde Guerre mondiale, notamment en ce qui a trait à la double utilisation de la Yamaska, soit comme source d’eau et comme déversoir pour les agglomérations urbaines du bassin.