7 mai 2015 - 00:00
Je ne t’oublierai pas, Jean-Marie Lapointe
Par: Kim Messier

Vivre une séparation, être malade, ­vieillir, frôler la mort… Des étapes ­importantes, éprouvantes, qui marquent notre vie et celle des gens que nous aimons. Des étapes que nous considérons, la plupart du temps, comme des événements douloureux qui nous font souffrir inutilement, mais qui, pourtant, sont déterminants.

Même s’ils bouleversent tout, ébranlent notre équilibre, ils nous obligent à ­réfléchir et à revoir nos priorités. Ils nous forcent à nous questionner. Notre vie a-t-elle un sens? Sommes-nous heureux? Si oui, tout va bien. Notre bonheur est solide et durable. Sinon, il faut avoir le courage de regarder la réalité en face et de ­chambouler notre existence.

Après avoir côtoyé la mort à plusieurs reprises, Jean-Marie Lapointe a choisi de consacrer son existence aux autres par le bénévolat, l’accompagnement de ­personnes ayant des limitations ­physiques ou intellectuelles et des ­malades en fin de vie. Dans son autobiographie Je ne t’oublierai pas, publiée aux Éditions Libre Expression, il partage des moments qu’il a vécus. Des moments magiques, intenses et émouvants, mais aussi des moments décisifs et ­malheureux, comme le décès de sa mère au début des années 1990. Pour la ­première fois, il pleure la mort d’un proche et cette expérience l’éveille à la vie. À partir de ce jour, il transforme celle-ci. « Qu’est-ce que j’attends pour être ­heureux dans ma vie? Est-ce que j’attends d’être sur mon lit de mort pour faire les changements nécessaires? Change tout de suite pendant que tu es en santé et le reste de ta route sera plus enrichissant. Si tu fais des changements en fonction de ton coeur et non de ta tête, il y a de fortes chances que ta vie soit plus heureuse », nous confie-t-il.

Ce besoin impérieux d’être heureux le pousse à divorcer et à lire sur la mort pour mieux la comprendre. En plus de devenir animateur à la télévision, de travailler sur divers documentaires, il fait du bénévolat et fréquente des gens ayant un handicap, une limitation, une maladie ou une ­dépendance. Au fil des ans, ces personnes lui donnent des leçons de courage et d’amour. Tout au long du livre, l’auteur nous les présente et nous raconte leur histoire. À travers ses récits, nous ­constatons qu’il est possible d’aimer la vie en côtoyant la mort. D’être heureux en aidant les autres et de créer des liens authentiques.

En lisant Je ne t’oublierai pas, nous ­découvrons que Jean-Marie Lapointe est un homme influent, dévoué, sensible, passionné et engagé socialement. Est-il parfait? Loin de là! Comme tout le monde, il a des défauts et souffre de ­dépendances, mais il a su adopter un mode de vie sain en identifiant les causes de ses souffrances et de son bonheur. Pour ce faire, la lecture de L’Art du ­bonheur, du dalaï-lama, l’a grandement aidé. Depuis plusieurs années, grâce à la philosophie bouddhiste, il dépense son énergie à bon escient.

Après la parution de ses récits, en ­janvier 2014, l’auteur a reçu de nombreux courriels. Ce qui ressort le plus? Les gens qui ont lu ses histoires ont été ­profondément émus. Il a d’ailleurs particulièrement aimé rencontrer ses lecteurs dans les salons du livre. En discutant avec eux, il a constaté que la lecture de son ­ouvrage les incite à s’impliquer dans la société et à donner de bon coeur. Son livre a donc du succès puisqu’il inspire l’amour et la compassion.

Pourquoi, selon moi, cette autobiographie vaut-elle la peine d’être lue? Parce que, inévitablement, en comparant notre vie à celle de l’auteur, nous nous interrogeons sur notre propre bonheur et nous réfléchissons à nos actions. Notre ­bonheur est-il véritable ou dépend-il de quelque chose ou de quelqu’un? Nos ­actions quotidiennes sont-elles positives et bénéfiques ou ne causent-elles que des souffrances? Sommes-nous égoïstes ou sensibles au sort des autres?

La postface du livre, écrite par le moine bouddhiste tibétain Matthieu Ricard, nous aide à répondre à ces ­questions. Matthieu Ricard explique brièvement de quelle manière nous pouvons vivre une vie pleine de sens en évitant de confondre plaisir et bonheur. Selon lui, nous avons tous la faculté de changer, comme ­Jean-Marie, de trouver notre voie grâce à la compassion, ­l’altruisme et la ­modification de nos pensées négatives.

Personnellement, Je ne t’oublierai pas a provoqué mon propre réveil extrême. Comme le mentionne l’auteur dans son huitième chapitre : « Rien n’arrive pour rien ».

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