« Yolande et moi avons beaucoup voyagé au cours de notre vie. Nous avons visité au moins 25 pays. Mais l’Amérique du Sud, ça n’a jamais intéressé ma femme, alors que moi, oui », raconte en riant M. Morin, natif de Saint-Pie.
Il s’est donc envolé pour l’Argentine en octobre afin d’y vivre son premier voyage solo à l’âge de 64 ans. « Il y a longtemps que l’Argentine me fascine, surtout à cause d’Éva Peron, mais aussi, car c’est un pays immense, mythique. C’est le pays des gauchos et de la Patagonie! »
M. Morin a d’abord trouvé refuge dans la grouillante ville de Buenos Aires, capitale de cette terre argentine.
« Je suis en amour avec cette cité!, s’exclame le Maskoutain. Je m’y sentais en sécurité. La ville est une ruche débordante d’activités. On y ressent une impression de liberté. » Et pour avoir déambulé dans ses nombreux quartiers, Jacques Morin en sait quelque chose.
Il est allé jeter un coup d’oeil du côté de la Casa Rosada, la résidence présidentielle où la figure emblématique Éva Peron a un jour foulé le balcon, en passant par le quartier de La Boca, pittoresque le jour, mais dangereux une fois la nuit tombée.
Il semblerait également que le magnifique Théâtre Colon, une salle d’opéra opulente, mérite le détour, un luxe dont M. Morin ne s’est pas privé.
« Les chiens sont omniprésents à Buenos Aires. Les gens leur font faire leurs besoins un peu partout et il y a plein de baby-sitters qui promènent une dizaine de chiens à la fois », se remémore le voyageur.
Le charme unique de cette ville des « bons vents », M. Morin l’a ressenti lors d’une soirée passée à admirer la fougue des danseurs de tango. « Je croyais que le tango était une danse lente et lascive, alors que c’était rapide et très sensuel. Il y avait tout un jeu qui se déroulait entre les danseurs, alors que la femme refusait de se laisser dominer par l’homme. Quelle complexité dans cette relation homme femme », s’émeut encore aujourd’hui le sexagénaire.
« Le tango est définitivement un incontournable pour bien s’imprégner de la culture argentine », souligne-t-il.
Le désert de Patagonie
Région mythique perdue aux confins de l’Amérique, la Patagonie offre un paysage très désertique, non pas de sable, mais plutôt de petite végétation et d’arbrisseaux.
Surtout, cette terre aride abrite un joyau environnemental; le Parque Nacional Los Glaciares. « Le but premier de ma si lointaine avancée au sud était la visite de ce parc et du réputé glacier Perito Moreno », explique celui qui a fait carrière chez Hydro-Québec.
Imposant avec ses 30 kilomètres de longueur et sa coloration bleutée, ce bloc congelé est l’un des seuls au monde qui continue à prendre de l’ampleur. Jacques Morin a d’ailleurs pu admirer de près ce géant des eaux grâce à une excursion en bateau.
« En route, nous avons été pris dans une tempête de neige qui quelques minutes plus tard, était déjà terminée. Le ciel était alors dégagé, le soleil brillait et le Perito Moreno nous éblouissait de ses lances », relate le Maskoutain.
Il y a encore plus impressionnant, poursuit-il. Le géant laisse tomber diverses parties de sa structure dans l’eau. Ces morceaux sont engloutis par le lac avec fracas, dans une détonation incroyable.
Son séjour en Patagonie lui a également permis de visiter la petite ville d’El Calafate, « un bled perdu qui grossit de plus en plus en raison du tourisme ».
Solo, mais pas solitaire
Si son voyage en Argentine figure parmi ses cinq plus grandes expériences de voyage, M. Morin faisait face à un inconnu, celui de partir à la découverte du monde sans sa tendre moitié.
« C’était difficile émotionnellement et physiquement par bout. Ma femme était ce qui me manquait le plus, bien sûr. Et, disons que je ne recommande pas à quelqu’un de partir seul là-bas s’il n’a jamais été plus loin que Plattsburgh » exprime-t-il.
« Je me sentais seul, car les visites allaient très vite et que j’avais beaucoup de temps libre. Mais, j’ai rencontré en la personne de Carlos, mon guide, un véritable ami. C’est arrivé à un bon moment dans mon deuil. »
M. Morin se souvient d’ailleurs avoir ressenti beaucoup de réconfort à la toute fin de son périple, alors qu’il était dans la région de Salta. « C’était le bout du voyage, il y avait peu de monde à l’hôtel, qui était magnifique soit dit en passant. J’étais entouré des Andes et il y avait comme une paix sur le site. Ce fut une belle expérience de vie », témoigne-t-il.
Que ce soit en s’extasiant devant les chutes d’Iguazu, contre lesquelles notre fierté canadienne de Niagara est loin de faire le poids semble-t-il, ou encore en empruntant la célèbre route 40, qui traverse du nord au sud le pays, Jacques Morin a été séduit par les contrastes de l’Argentine.
« Un voisin m’avait dit : tu vas voir, après ton voyage plus rien ne sera pareil. Il avait raison. Avant mon départ, c’était la maison de Yolande, tandis que depuis mon retour, c’est celle de Jacques », conclut-il, serein.