Montée à l’occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la mort d’Anne Frank, l’adaptation théâtrale du Journal d’Anne Frank par l’auteur Eric-Emmanuel Schmitt est actuellement présentée sur les planches du Théâtre du Nouveau Monde en première nord-américaine.
Fidèle au récit original, la pièce relate le quotidien d’une jeune adolescente dans l’Annexe, une cachette dans laquelle sa famille et quelques amis ont vécu pendant deux ans avant d’être dénoncés et déportés dans des camps nazis où Anne Frank est morte du typhus. Après la mort de sa fille, Otto Frank, seul survivant de la famille, publia le journal intime de sa fille.
Dans une mise en scène de Lorraine Pintal, les comédiens Mylène St-Sauveur et Paul Doucet interprètent respectivement Anne et Otto Frank, personnage pivot de la pièce. Une seconde collaboration père/fille qui ravive la complicité des deux acteurs après le film Sur le rythme.
C’est d’ailleurs ce qui a mis la puce à l’oreille de la production quand la Maskoutaine s’est présentée en audition avec vingt autres jeunes filles désireuses d’incarner Anne Frank.
Et pourtant, l’actrice de 25 ans a bien failli laisser la chance à une autre. Impressionnée par le talent des acteurs de théâtre qui montent sur scène chaque soir, elle a hésité à auditionner par crainte de ne pas être à la hauteur.
« Je ne me voyais pas monter sur scène avant longtemps. D’abord parce que je n’avais pas le courage pour le faire. Puis, parce que je n’ai pas de formation en théâtre. C’est différent du cinéma et de la télévision. Les acteurs de théâtre parviennent à rendre un texte et des émotions sur scène durant deux heures chaque soir de représentations et j’ignorais si je parviendrais à le faire. Finalement, je me suis motivée me disant que c’était maintenant où jamais », raconte Mylène St-Sauveur.
Il s’agit d’ne première expérience au théâtre d’envergure pour celle qui emprunte la voix d’Anne Frank et les mots du célèbre auteur et dramaturge Eric-Emmanuel Schmitt. Quand elle pense qu’elle a choisi, il y a sept ans, La Part de l’autre comme lecture de voyage alors qu’elle se rendait à Berlin visiter des camps de concentration juifs, l’actrice ne peut que constater un heureux hasard dans le tournant de sa carrière.
« Eric-Emmanuel Schmitt est l’un des auteurs les plus lus dans le monde. C’est une chance incroyable que j’ai de pouvoir jouer les mots de ce grand homme, de ce grand philosophe. Ce nouveau défi m’apporte énormément! Quand je regarde ma feuille de route à mon âge, je suis fière de l’artiste que je deviens au fil des ans », confie la Maskoutaine.
Espoir et résilience
Depuis sa publication autour de 1950, Le journal d’Anne Frank est l’un des témoignages les plus marquants du XXe siècle sur l’occupation allemande. En 2012, son adaptation théâtrale fut confiée par les historiens de la Maison Anne Frank à Amsterdam à Eric-Emmanuel Schmitt qui n’hésita pas à se procurer son propre théâtre pour présenter la pièce à Paris.
De ce récit, prend forme une adaptation théâtrale touchante sur l’éveil d’une jeune fille et la naissance d’une écrivaine. Marquée par la résilience de l’humain et l’espoir de survie, l’oeuvre d’Eric-Emmanuel Schmitt réserve des moments de bonheur issu du quotidien ainsi qu’un humour intelligent et délicat. Il parvient même à nous tirer quelques larmes pour une histoire que l’on connait déjà. Le tout appuyé par une mise en scène sensible et magistrale dans laquelle des montages d’archives nous transportent à l’époque des personnages.
Parmi les points forts de cette production s’imposent l’excellente interprétation de Paul Doucet en père bienveillant et celle de Mylène St-Sauveur qui incarne la pureté d’une adolescente lumineuse et passionnée, incapable de censure.
À ces acteurs se greffe une solide distribution qui rassemble Marie-France Lambert et Kasia Malinowska (Edith et Margot Frank), Jacques Girard, Marie-Hélène Thibault et Benoît Drouin-Germain (Hermann, Augusta et Peter Van Pels), Sébastion Dodge (le dentiste Fritz Pfeffer) et Sophie Prégent (Miep Gies).
Le journal d’Anne Frank est présenté au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 7 février, puis les 10, 11, 12 et 13 février en supplémentaires. La pièce partira en tournée à travers le Québec en mars et avril. Elle sera de passage à Saint-Hyacinthe, le 20 mars, au Centre des arts Juliette-Lassonde.a