Quasi au centre de l’aire d’exposition, une imposante installation intitulée Spare Some Social Change se présente sous la forme d’une caisse de transport muséale. Réalisée par les membres de l’Internationale Virologie Numismatique (IVN), Mathieu Beauséjour et Peter Dubé, cette structure de bois est consacrée à la conspiration. Cette oeuvre fut réalisée avant les attentats du 11 septembre 2001, puis reconstituée en 2014, tient à préciser son créateur.
Au fil du temps, le souci de l’esthétique prend une ampleur différente dans ses plus récentes oeuvres. Kings and Queens of Québec, réalisé en 2008 à l’occasion d’un projet pour la ville de Québec, présente les portraits monarchiques sur la monnaie des deux Empires qui ont régné successivement sur le Québec.
« Pour certaines personnes, ces figures peuvent être perçues comme des symboles de domination. Bien sûr, le titre anglophone a une portée significative et peut susciter des sentiments ambigus », dit-il.
À l’exposition s’ajoutera une publication rétrospective intitulée Mathieu Beauséjour. La révolte de l’imagination qui sera lancée au printemps par Expression et le Musée régional de Rimouski. Cette monographie comprend un essai de la commissaire Andréanne Roy ainsi que des textes de Robin Simpson et de Sonia Pelletier.
Coproduite avec le Musée régional de Rimouski, l’exposition offre un survol de l’oeuvre de Mathieu Beauséjour produite entre 1991 et 2014. Il s’agit d’une initiative de la commissaire Andréanne Roy rendue possible avec l’aide de quelques prêteurs, dont plusieurs institutions muséales.
Parmi la vingtaine d’oeuvres exposées, des préoccupations politiques et sociales puis esthétiques et poétiques caractérisent la carrière de cet artiste montréalais à la fois révolutionnaire, anarchique et romantique.
L’argent et le temps sont des thématiques omniprésentes dans ses créations. À commencer par le projet de longue haleine, Survival Virus de Survie, réalisé de 1991 à 1999. Une période pendant laquelle l’artiste a estampillé plus de 100 000 billets de banque avec un sceau portant le titre de son oeuvre. Une réalisation plutôt audacieuse pour l’artiste qui n’avait qu’une vingtaine d’années à l’époque puisque ces billets ont dû être retirés de la circulation, puis détruits par la Banque du Canada.
« Cette pratique aurait pu être illégale si je n’avais pas respecté certains critères, explique Mathieu Beauséjour. Il y a des enseignes sur un billet de banque qui ne peuvent pas être recouvertes. Après m’être bien renseigné, j’ai découvert qu’il existait un espace exempté de toutes restrictions. »
Ce projet a été cristallisé dans une installation qui regroupe, entre autres, une copie des billets de banque estampillés, ses rapports annuels et une vidéo sur laquelle défilent les numéros de billets retouchés.