Pour ce grand baptême professionnel, Jani sera flanquée des humoristes Daniel Grenier, un ancien membre des Chick’N Swell, et de Maude Landry. Katherine Levac, la saveur du mois « depuis six mois » en humour grâce à ses prestations à SNL Québec et à PaparaGilles, prendra la relève dans ce concept humoristique qui mêle la relève à des humoristes plus établis.
Clairement, Jani Barré se situe dans le premier groupe, malgré ses 35 ans assumés. Même si elle considère qu’elle est drôle de nature et qu’elle a toujours eu le don de se mettre dans des situations loufoques, elle n’a que quelques mois d’expérience en tant qu’humoriste « officielle ». « Je suis une fille très comique dans la vie de tous les jours. J’adore rire et surtout faire rire. J’ai aussi beaucoup d’autodérision. Il m’en a fallu une bonne dose pour surmonter tous les obstacles qui se sont dressés sur ma route, mais qui en fin de compte ont fait de moi celle que je suis devenue. »
Elle a découvert sa nouvelle passion il y a deux ans, au détour d’un numéro donné « pour s’amuser » en conclusion du festival urbain La Cité d’Art à Saint-Hyacinthe.
Ce fut une révélation, dit Jani, qui jusque-là avait eu un cheminement de carrière pour le moins disparate. Celle qui a opéré un salon de bronzage pendant 10 ans, lancé une agence de rencontres sans lendemain et rêvé d’une carrière internationale de paracylcliste dit avoir enfin trouvé sa voie. « Je suis très à l’aise sur scène, peut-être même un peu trop! J’ai fait un long détour avant de m’en rendre compte. »
La guerrière aux os de verre
Depuis à peine six ou sept mois, Jani Barré rode ses numéros dans les bars et donne quelques spectacles privés.
Elle apprend sur le tas et se nourrit des réactions du public.
« Je suis un caméléon, je m’adapte à toutes les situations et à tous les publics. Les réactions sont très bonnes. Les gens sont un peu déstabilisés au début, mais rapidement ils embarquent et ils trouvent ça bon au boutte! »
Jani Barré débarque dans le merveilleux (et cruel) monde de l’humour avec beaucoup de volonté… et un fauteuil roulant qui ne la quitte plus, gracieuseté d’une maladie génétique qui lui aura fait passer la moitié de sa vie à l’Hôpital Shriners : l’ostéogenèse imparfaite, aussi appelée maladie des os de verre. « J’ai dû soigner 150 fractures dans ma vie, mais ma santé s’est grandement améliorée ces dernières années. J’ai été la première à recevoir un traitement par intraveineuse pour soigner ma condition, et ce pendant huit ans. Aujourd’hui, ce traitement est disponible sous forme de comprimés pour les gens souffrant d’ostéoporose. Avant quand je me cognais, je me faisais mal à tous les coups, mais maintenant je peux cogner et faire mal », raconte celle qui suit des cours de boxe depuis trois ans pour garder la forme.
Et ce n’est pas parce qu’elle est confinée à un fauteuil qu’elle s’apitoie sur son sort et regarde le train de sa vie passer. « Petit train va loin dit le dicton, mais ma locomotive est maintenant partie. J’ai l’intime conviction d’être dans la bonne direction. Je suis une guerrière et je vais me battre pour réussir », lance la fille du conseiller municipal Bernard Barré, de qui elle dit d’ailleurs tirer son sens de l’humour.
« Mon père est drôle solide, volontairement drôle. Mes parents sont aussi solides, déterminés et positifs que moi. Ils n’ont pas eu le choix eux aussi de s’adapter. »
Du Stand up assis et un One woman chaise
La maladie et les mésaventures de Jani Barré ont bien entendu inspiré ses premiers gags et monologues. Elles sont même une source inépuisable de fous rires, selon la principale intéressée. Sur son site Interrnet (janibarre.com), elle se targue de faire du Stand up assis et invite même le public à se montrer solidaire de son One woman chaise en applaudissant… assis!
« Les blagues sur les fauteuils roulants ou les personnes handicapées, je les connais toutes. Je passe d’ailleurs les premières minutes à faire le tour de la question pour vider le sujet. Je ne veux pas qu’on résume mon humour à mon handicap, même si mon allure est un peu ma carte de visite. Contrairement à François Massicotte et François Morency, par exemple, il n’y a aucune chance que le public me confonde avec un autre humoriste. J’ai un casting assez unique! »
Loin d’être déprimant ou noir, son humour se veut positif et ensoleillé.
« À travers mes blagues et mon humour, je veux passer un message positif sur la vie, et qui sait inspirer les gens. J’aimerais bien offrir des conférences de motivation dans les écoles ou les résidences de personnes âgées. Avoir un impact. »
En humour, Jani dit avoir pour modèle Lise Dion et ne pense pas que le fait d’être une femme, une femme handicapée de surcroit, compliquera sa chance de percer et de s’établir dans un domaine dur et compétitif comme celui de l’humour.
Et pas question pour elle de se farcir l’École nationale de l’humour comme passage obligé vers la gloire ou la reconnaissance du milieu.
« Je n’ai rien contre l’École nationale de l’humour, mais je n’en ressens pas le besoin. Je suis bien entourée. Mon coach Nelson Archambault croit en moi et en mon potentiel. Et les gens du Centre des arts Juliette-Lassonde me donnent une rare opportunité de pouvoir briser la glace chez moi, devant mon monde à Saint-Hyacinthe. Je suis prête comme jamais pour vivre mon tout premier 12 minutes de gloire! »
Son objectif à court ou à moyen terme est déjà clair et net dans sa tête. Elle souhaite signer avec une agence reconnue et pourquoi pas pousser sa chaise sur l’une des scènes du Festival Juste pour rire. Soyez prévenus, celui ou celle qui voudra lui mettre des bâtons dans les roues est mieux de se lever de bonne heure…