28 mai 2015 - 00:00
Une retraite par amour
Le rideau tombe sur France Guilmain
Par: Martin Bourassa
Le rideau tombe sur France Guilmain

Le rideau tombe sur France Guilmain

Le rideau tombe sur France Guilmain

Le rideau tombe sur France Guilmain

France Guilmain délaissera bientôt la scène culturelle maskoutaine et la SDS pour profiter d’une belle et douce retraite auprès de son homme. Photo François Larivière | Le Courrier ©

France Guilmain délaissera bientôt la scène culturelle maskoutaine et la SDS pour profiter d’une belle et douce retraite auprès de son homme. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La Société de diffusion de spectacles (SDS) de Saint-Hyacinthe, gestionnaire du centre des arts Juliette-Lassonde, se prépare à dire au revoir à sa directrice artistique. Coup de théâtre, France Guilmain a décidé, à l'âge de 58 ans, que l'heure de la retraite avait sonné.

« Je le fais par amour, a annoncé la principale intéressée au COURRIER. Mon conjoint est à la retraite depuis 2009 et je pense qu’il a été assez patient avec moi. Nous allons donc penser à nous et profiter de la vie un peu. Je suis choyée de pouvoir le faire pendant que j’ai encore la santé. »

Pour cette travailleuse infatigable et hyperactive, cette cassure ne sera toutefois pas si radicale qu’elle en a l’air. Depuis deux ans déjà, cette transition en douceur vers une retraite à temps plein se préparait en coulisse.

« Nous avons orchestré une passation graduelle des pouvoirs à l’interne en janvier 2013 quand les postes de directeur général de la SDS et de directeur artistique ont été scindés. J’avais abandonné la gestion quotidienne pour me concentrer sur la programmation et les négociations. J’avais considérablement ralenti le tempo, ce qui m’incite à croire que le prochain pas ne sera pas si brutal. Je ne tomberai pas de haut avec cette nouvelle vie qui s’annonce pour moi, si jamais je tombe. »

Mme Guilmain dit composer très bien avec cette nouvelle réalité.

« J’ai tellement de projets, il y a tellement de choses que j’ai repoussé ou mises de côté ces dernières années, faute de temps. Là je suis rendue là et je compte en profiter. La retraite ne signifie pas de cesser d’être actif, je vois cela comme une opportunité de pouvoir faire uniquement les choses que j’aime et de les faire à mon rythme. »

Un legs de qualité

Elle délaissera son poste de directrice artistique à la fin juin pour un poste de consultante auprès du directeur général Jean-Sylvain Bourdelais, une fonction qu’elle occupera en principe jusqu’au 31 décembre prochain.

« Je ne serai pas là pour éteindre des feux ou pour donner des conseils, précise-t-elle. Si on juge opportun de me consulter, c’est avec plaisir que je donnerai mon point de vue, mais là s’arrêtera ma contribution. Mais je ne suis vraiment pas inquiète quant à la suite des choses. Je laisse une organisation solide et en santé. La SDS est entre bonnes mains avec l’équipe et le conseil d’administration en place. »

Son dernier legs a pris la forme d’une programmation 2015-2016 aussi relevée que diversifiée avec la présence de nombreuses têtes d’affiche, dont la venue du chanteur Francis Cabrel, au terme de trois ans de négociations. Mme Guilmain n’est pas peu fière de sa prise puisque l’artiste ne se produira que dans une poignée de grands centres lors de la prochaine et très rare tournée au Québec.

« Quand une opportunité comme celle-là se présente, on saute dessus et on ne se pose pas trop de questions. Ce n’est pas un spectacle qui nous rapportera beaucoup en terme de retombées financières et ce n’est pas le but de l’opération, mais au niveau de la crédibilité de notre salle et de sa réputation et de la qualité de notre programmation, c’est un coup d’éclat sans précédent », raconte celle qui a contribué à établir la salle de spectacles de Saint-Hyacinthe comme l’une des meilleures au Québec.

Depuis son inauguration en janvier 2006, le centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe a été en nomination à six reprises au gala de l’ADISQ à titre de Salle de spectacles de l’année, remportant deux statuettes en 2009 et 2011. En tant que diffuseur de l’année, Mme Guilmain et son équipe revendiquent quatre nominations.

À l’heure du bilan

Très sereinement, France Guilmain se prépare donc à tourner la page de sa vie professionnelle, mais pas uniquement sur les 20 dernières années passées aux commandes de la SDS.

C’est à une vie entière consacrée aux arts et à la culture à Saint-Hyacinthe qu’elle tourne le dos. La vie culturelle maskoutaine, elle a contribué à l’animer et à l’enrichir beaucoup depuis 1979 quand elle décida de fonder l’École de musique Victor Martin. De fil en aiguille, elle a été de tous les projets et de tous les comités, que ce soit pour les Beaux Mardis de Casimir, la Fête nationale, le Festival Rétro qu’elle a fondé et dirigé et en tant que directrice générale des Fêtes du 250e de la Ville de Saint-Hyacinthe.

« C’est un peu le bilan de tout cela que je fais aujourd’hui et pas uniquement de ces 20 dernières années à la SDS. Je crois avoir fait ma part et je pense sans prétention que je peux être fière de moi et de mon équipe, car j’ai toujours su bien m’entourer et je ne serais arrivée à rien sans l’apport de tous ceux qui m’ont fait confiance. »

Sa plus grande satisfaction? « Ce n’est pas un projet comme tel, mais tous les gens remarquables que ces projets ont mis sur ma route. Ce sont tous ces visages et ces amitiés qui me reviennent en tête quand je regarde le chemin parcouru. Et je ne pense pas uniquement aux artistes, mais aux employés, aux administrateurs et à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à mes réussites. J’en profite d’ailleurs pour remercier très sincèrement tous ceux qui m’ont fait confiance par le passé. »

Parmi ses projets à court terme, il y a déjà quelques voyages à son agenda, l’envie de se remettre au piano et à la pratique du sport, le ski et le vélo.

« Je ne suis pas une solitaire, mais une fille de gang, alors je vais m’assurer d’avoir du monde autour de moi. Vous allez aussi me revoir au centre des arts, mais en tant que simple spectatrice. Je ne suis pas saturée de spectacles, au contraire, mais je vais maintenant être plus sélective, selon mes propres goûts. Mais je ne perdrai pas mon regard critique, rassurez-vous, ça fera toujours partie de moi. À la retraite ou pas! »

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