26 mars 2015 - 00:00
Une Technofarce
Par: Martin Bourassa

Depuis deux bonnes années, les révélations du COURRIER au sujet des problèmes de ­redditions de comptes et de gouvernance du CLD Les Maskoutains et de la Cité de la ­biotechnologie sont une source d’embarras constante pour ces organismes et, par ­ricochet, pour la Ville de Saint-Hyacinthe.

Incapable de faire entendre raison à la Cité pour qu’elle modifie sa charte en sa faveur et qu’elle accepte les termes d’un contrat de service, la Ville avait pris les grands moyens en novembre en annonçant le mariage forcé de trois organismes tributaires de son ­financement, à savoir le Bureau de tourisme et congrès (BTC), la Corporation de développement commercial (CDC) et la Cité de la biotechnologie. Ce mariage sera consommé le 1er avril, mais avec la présence-surprise d’un quatrième joueur puisque l’on a ­récupéré par la bande les employés du CLD qui n’avaient pas déjà été retenus par la MRC. Ils trouveront tous leur place dans un coûteux organigramme qui compte plus de chefs que d’indiens.

Cette réunion des forces économiques maskoutaines a été placée sous le parapluie de Saint-Hyacinthe Technopole, jadis la marque de commerce de la Cité et du CLD.

Notre avis? Une farce monumentale. La Ville de Saint-Hyacinthe n’a absolument rien compris de tout ce qui s’est écrit sur la Cité et le CLD ces dernières années.

On regarde le résultat et on constate que Saint-Hyacinthe Technopole sera encore plus opaque que deux des trois entités qu’elle remplace, puisque deux ­organismes (BTC et CDC) jadis soumis à la Loi d’accès à l’information ne le seront plus en intégrant une entité privée comme Saint-Hyacinthe Technopole. On veut bien croire que cette dernière n’est pas soumise à la Loi d’accès, mais la Ville aurait dû ­élever ses exigences.

Par souci de transparence (!), on nous ­assure que Saint-Hyacinthe Technopole rendra public son budget, son rapport ­annuel, ses états financiers et le contrat du futur DG, mais là s’arrêtent les garanties. Les comptes de dépenses, les relevés de cartes de crédit et la ventilation des ­dépenses resteront cachés, si tel est le ­souhait du conseil d’administration. Pire, Saint-Hyacinthe Technopole pourra ­continuer d’accorder des millions de ­dollars en contrat sans se soumettre aux règles des appels d’offres publics, et ce, malgré le financement de plus d’un ­million de dollars qu’elle recevra annuellement de la Ville. Dans un souci de plus grande efficacité, on avait aussi annoncé que l’on dégraisserait les conseils ­d’administration. Effectivement, Saint-Hyacinthe Technopole n’aura qu’un seul CA de 11 membres, mais on lui a rattaché trois comités consultatifs qui totaliseront 29 personnes triées sur le volet puisque les promoteurs et agents immobiliers, les ­locataires d’immeubles gérés par Saint-Hyacinthe Technopole et les officiers de la Chambre de commerce en seront tous ­exclus. Parmi les critères de sélection, nous aurions souhaité que l’on retienne ­l’obligation pour tous les membres de résider sur le territoire de la Ville de Saint-Hyacinthe ou de la MRC.

Quand on regarde le résultat final, force est de constater que la Ville n’a pas repris le contrôle sur la Cité de la biotechnologie. C’est plutôt la Cité qui a raffermi son ­emprise sur les outils économiques de la Ville en imposant sa culture d’entreprise et ses façons de faire cabalistiques et ­sibyllines. Tout ça pour ça. Vraiment?

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