M. Laliberté est ce Maskoutain qui a créé, dans les années 1970, le lotissement portant son nom à Sainte-Rosalie, après la disparition d’une bonne partie de sa terre dans le projet de l’autoroute transcanadienne.
Aujourd’hui, le passage des tuyaux d’aqueduc et d’égout devant sa porte pourrait lui coûter la modique somme de 164 388 $, étant donné les 237 mètres de façade que sa propriété occupe le long de des Seigneurs Est. C’est ce que lui ont annoncé ce printemps les autorités de la Ville de Saint-Hyacinthe.
« C’est rendu que ça n’a plus de bon sens : 164 000 $ ! J’ai 80 ans, moi, monsieur !», s’est-il exclamé, assis au volant de son taxi, lorsque LE COURRlER l’a rencontré dans la cour de Taxi Windsor. Ingénieur en aéronautique, M. Laliberté a aussi piloté des avions durant plus de 40 ans et a même tenu une école de vol à voile à partir de la piste d’aviation qu’il avait aménagée chez lui.
Projet modifié
Cette facture de 164 000 $ découle d’une nouvelle orientation prise par le conseil municipal après la rencontre d’information du 2 mai, à laquelle la Ville avait convié la dizaine de propriétaires concernés sur cette portion de la rue des Seigneurs Est débutant à l’avenue des Érables-Argentés, le point de branchement.
Les gens se sont prononcés très majoritairement pour obtenir les services. On est en train de négocier les servitudes », a confirmé au COURRIER le conseiller du district Sainte-Rosalie, Donald Côté.
Il s’agit d’un virage important par rapport au projet qui se trouvait encore dans les cartons de l’administration municipale au début du printemps. Au départ, cette portion de des Seigneurs Est ne devait être desservie qu’en aqueduc. Pour l’égout, seules les propriétés du domaine Laliberté étaient visées, ce secteur étant à l’origine de rejets d’eaux usées dans l’environnement.
À partir du point de raccordement, face à la rue des Érables-Argentés, une conduite de refoulement des eaux usées devait emprunter un parcours hors route et longer une voie ferrée, à l’arrière du lotissement. Or, pour diverses raisons, la Ville a renoncé à cette option et veut maintenant installer la conduite principale en bordure de la rue des Seigneurs Est (la route 224) , avec branchement des propriétés riveraines.
Pour l’aqueduc seulement, Réal Laliberté aurait eu à débourser quelque 62 000 $, ce qu’il trouvait déjà beaucoup trop cher, d’autant plus que l’eau de son puits artésien, soutient-il, est d’excellente qualité. L’égout ajouté, la facture dépasserait la valeur que la Ville accorde à sa maison, soit 163 300 $, sur une propriété d’une valeur totale de 505 300 $ à vocation agricole. « Tout ce que je pourrais faire, c’est créer deux lots et les vendre, pour aider à payer. À la Ville, ce qu’ils me disent dans le fond, c’est : vends des terrains et donne-nous l’argent, ou bien, vends tout et va-t’en », s’insurge M. Laliberté. Selon lui, le coût de la desserte ne devrait pas excéder les 32 000 $ dans son cas, soit le prix moyen de tous les travaux qui sont à la charge des riverains pour les 71 propriétés concernées, selon une évaluation des coûts datée du 5 avril. La part des riverains était alors estimée à 2 327 900 $, sur un projet global de 2 947 000 $.
Le conseiller Côté reconnaît que la facture établie pour M. Laliberté est d’un montant déraisonnable et que la Ville pourrait fixer un plafond, comme le fait la municipalité de La Présentation, en établissant un prix moyen. « Oui, cela pourrait se faire, mais ce ne serait pas équitable par rapport à ce qui s’est fait dans d’autres projets. »
Le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, a indiqué que la répartition des coûts selon la longueur des façades est la méthode classique que la Ville a toujours préférée aux autres (selon la superficie, l’évaluation, ou à l’unité). Il admet que l’établissement d’un prix moyen pourrait tenir la route en certaines circonstances.
« Le cas de M. Laliberté est typique des situations complexes qu’on peut rencontrer lorsqu’on veut desservir un secteur semi-rural », expliquait-il il y a quelques jours, peu avant une rencontre avec le propriétaire en question. « Actuellement, les conditions qui permettraient la réalisation du projet ne sont pas toutes réunies », avait conclu M. Bilodeau.