Avec sa destruction, c’est aussi le centre communautaire de la ville de Saint-Pie qui disparaît. Le propriétaire de l’immeuble, Habitat Saint-Pie, prévoit y construire un édifice de 15 logements au coût de 2,5 M$, les frais de démolition inclus. Il s’agit de la phase III du projet d’habitations pour retraités qui a été lancé après le départ des dernières religieuses, survenu en 1976.
L’entrepreneur général B. Frégeau & fils, de Saint-Alexandre, est à pied d’oeuvre pour commencer la démolition. Cette semaine, une équipe d’ouvriers préparait les lieux pour les travaux de désamiantage des murs. Ils seront exécutés au retour des vacances de la construction, après quoi suivra la démolition de la structure.
« L’édifice se trouve très près de l’école (le pavillon Bon-Séjour de l’école au Coeur-des-Monts), et nous avons convenu avec la Commission scolaire que tout serait terminé avant la rentrée du 28 août », a indiqué le directeur général d’Habitat Saint-Pie, François Tétreault.
Le vieux couvent a été condamné à la démolition après l’intervention des préventionnistes en sécurité incendie de la Ville de Saint-Hyacinthe, laquelle a agi comme mandataire de la MRC en sécurité incendie de 2012 à 2015. Les pompiers ont exigé une mise aux normes qui aurait nécessité des travaux d’au moins 500 000 $. La Ville de Saint-Pie, qui a déjà consacré quelque 200 000 $ à l’entretien du bâtiment en 2003, s’est refusée à y injecter encore beaucoup d’argent, cette fois pour sécuriser à fond un édifice communautaire où personne ne vit.
Le maire de Saint-Pie, Mario Saint-Pierre, reste d’avis que les dernières exigences des pompiers étaient abusives. « Après la première visite (printemps 2013), ce qu’on nous demandait de faire comme travaux, c’était raisonnable. Tout a changé avec la deuxième inspection (automne 2013) : cette visite-là n’aurait jamais dû avoir lieu », soutient le maire Saint-Pierre.
Il n’en revient toujours pas que sa ville perde un monument historique de cette importance à cause de normes de sécurité incendie. « Ces normes-là sont-elles les mêmes partout? J’en doute encore. Est-ce qu’on est si riche que ça au Québec pour jeter à terre notre patrimoine comme on le fait? », s’interroge-t-il.
Personne, dit-il, ne s’est levé à Saint-Pie pour faire obstacle à cette démolition. Il en conclut que ses concitoyens se sont fait à l’idée qu’il n’y avait plus rien à faire pour sauver le vieux couvent.