4 août 2016 - 00:00
Incendie de 1981 en ville
35 ans et toujours dans les mémoires
Par: Rémi Léonard
35 ans et toujours dans les mémoires

35 ans et toujours dans les mémoires

35 ans et toujours dans les mémoires

35 ans et toujours dans les mémoires

Photos d’archives

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Le Vieux Saint-Antoine en proie aux flammes. Photographe inconnu

Le Vieux Saint-Antoine en proie aux flammes. Photographe inconnu

Même une fois le feu maîtrisé, le centre-ville de Saint-Hyacinthe avait des allures de zone de guerre tellement la destruction était grande. Photographe inconnu

Même une fois le feu maîtrisé, le centre-ville de Saint-Hyacinthe avait des allures de zone de guerre tellement la destruction était grande. Photographe inconnu

La Une du Courrier de Saint-Hyacinthe le 5 août 1981.

La Une du Courrier de Saint-Hyacinthe le 5 août 1981.

L’une des photos de l’incendie publiées dans les pages du COURRIER en 1981. Photo Raymond Bélanger | Archives Le Courrier ©

L’une des photos de l’incendie publiées dans les pages du COURRIER en 1981. Photo Raymond Bélanger | Archives Le Courrier ©

Le 5 août 1981, il y a 35 ans jour pour jour, la Une du Courrier de Saint-Hyacinthe faisait bien sûr état de l’exposition agricole, même d’un conflit de travail à Postes Canada, mais c’est surtout un événement particulièrement destructeur survenu trois jours plus tôt qui a retenu l’attention.

Au petit matin du 2 août 1981, un violent incendie s’est déclaré à l’arrière de la brasserie du Vieux Saint-Antoine (l’emplacement actuel du restaurant Pépé) pour rapidement prendre une terrible ampleur.

Dans le temps de le dire, le brasier avait traversé la rue Sainte-Anne et gagnait les édifices voisins. À son arrivée sur place, le responsable du service de prévention des incendies de l’époque, Jacques Desrosiers, comprend qu’il devra se contenter de « limiter les dégâts » en adoptant une « tactique défensive », rapportait-il en 1981 à la journaliste du COURRIER Louise Lamothe.

Souvenirs de pompier

Rejoint 35 ans plus tard, le retraité se dit toujours fier du travail effectué par les pompiers ce jour-là. « Avec les ressources et l’équipement qu’on avait dans ce temps-là, ce fut une belle intervention », a-t-il commenté.

Même si de nombreuses bâtisses ont été rasées par les flammes, une grande réussite pour Jacques Desrosiers est d’avoir réussi à sauver le marché public, non seulement pour sa valeur historique, mais aussi pour éviter une propagation plus importante de l’incendie. « Si le feu avait pris au marché, il aurait rapidement traversé vers Cascades. Il fallait absolument que ça s’arrête là », a-t-il affirmé.

En plus de ceux de Saint-Hyacinthe, les pompiers de tous les services voisins, de même que ceux de Mont-Saint-Hilaire et de Sorel sont venus en renfort pour combattre l’incendie criminel. « On n’avait pas d’autre choix que de circonscrire un périmètre et de trouver des positionnements sûrs pour arroser », s’est rappelé Jacques Desrosiers. Il racontait en 1981 que la chaleur était tellement intense qu’au début de l’intervention, le pare-brise de son camion a craqué, la peinture s’est fendillée et les clignotants ont littéralement fondu, pouvait-on lire dans nos pages.

Il aura finalement fallu plus de quarante heures d’intervention pour endiguer complètement le feu. Même si les pompiers ont dû « concéder des bâtiments » dans leur intervention, la stratégie aura quand même permis de « sauver le centre-ville », croit Jacques Desrosiers.

Le bilan des pertes matérielles rapportées dans LE COURRIER était bien sûr désastreux, mais aucune perte de vie n’a heureusement été déplorée. Une vingtaine de commerces et de logements ont été complètement détruits et les dommages avaient alors été évalués à 7 M$, rapportait-on dans l’édition du 5 août.

Souvenirs de commerçants

La brasserie du Vieux Saint-Antoine n’a évidemment eu aucune chance, tout comme la boutique de jeans Carrefour 8-24, juste à côté. La mercerie G. Brabant a pour sa part essuyé seulement quelques dommages grâce aux murs coupe-feu en béton. L’actuel propriétaire, Jacques Brabant, s’est rappelé cet épisode malheureux, même si les précautions de son père, le fondateur Georges Brabant, auront finalement sauvé l’immeuble. La famille garde encore aujourd’hui des photos de l’incendie, qu’elle a d’ailleurs accepté de partager au COURRIER. Prises en couleur et d’excellente qualité pour l’époque, on en ignore cependant l’auteur.

Les voûtes « indestructibles » de Léo Laflamme auront également permis de garder les flammes loin de son stock de fourrures. Beaucoup d’autres n’ont pas eu cette chance, comme les commerces d’Antonio Moreau et de Simon Décor, aujourd’hui relocalisés ailleurs à Saint-Hyacinthe.

Le Marché de Santé Naturiste, alors situé sur Sainte-Anne aux côtés de la boutique d’Anita Prince, a aussi été une perte totale. « C’était la seule bâtisse encore debout, mais tout était détruit », indique aujourd’hui Jean-Paul Poirier. Contrairement à la majorité des commerçants, il a entrepris tout de suite la reconstruction. Tout un défi pour l’entrepreneur avec un enfant en jeune âge. « On nous traitait de fous, mais on a réussi à rebâtir en sept mois », a-t-il fièrement rappelé. Ce n’est que bien plus tard que le commerce a migré à son emplacement actuel.

Encore aujourd’hui, une petite balade sur Sainte-Anne permet de voir l’impact de cet incendie sur le centre-ville. L’uniformité des bâtiments – la plupart en briques rouges et en bois vert – s’explique en effet par la reconstruction d’un pan entier du centre-ville par le Groupe Robin dans les années 1980 pour pallier le trou béant laissé par l’incendie.

Deux incendiaires, deux verdicts

Le jour même du feu, deux suspects avaient été arrêtés et interrogés par les policiers. Ils auraient mis le feu à un conteneur sur le terrain adjacent au Vieux Saint-François après une nuit de beuverie. Des bonbonnes de propane situées non loin auraient causé la conflagration à l’origine du désastre.

Étonnamment, Marco Bérard a finalement été acquitté faute de preuves alors que l’autre accusé, Yvon Favreau, a écopé de deux ans de pénitencier. Les procès se sont déroulés devant deux juges différents. Le premier n’a pas accepté comme preuve le témoignage des deux hommes juste après les faits, contrairement au deuxième.

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