Cinq jours après avoir annoncé sur toutes les tribunes la suppression de 340 emplois à l’usine de désossage de fesses de porc de la rue St-Jacques, le géant de l’agroalimentaire québécois a dû revoir ses chiffres et indiquer que ce sera finalement 401 employés qui recevront leur préavis de licenciement.
Confronté par LE COURRIER, Olymel a dû concéder que le nombre d’emplois perdus sera nettement plus élevé considérant que le centre de production maskoutain emploie 483 personnes – 449 travailleurs syndiqués et 34 cadres – et que d’ici un an seulement 70 emplois – 60 travailleurs syndiqués et 10 cadres – seront maintenus. L’entreprise poursuivra la fabrication du saindoux et conservera ses activités d’entreposage de produits congelés.
En additionnant le nombre d’emplois supprimés annoncé vendredi dernier par Olymel (340) à celui des postes qui demeureront dans l’usine (70), LE COURRIER avait calculé que le chiffre obtenu (410) était bien en dessous du nombre de personnes travaillant dans l’usine (483).
« J’ai fait faire les vérifications nécessaires puisque d’autres sources internes m’ont signalé cette question. En fait, Olymel supprime 340 postes, mais plus d’une personne est affectée à une même tâche. Le chiffre qui vient de m’être communiqué est la suppression de 401 emplois », a indiqué mardi en entrevue au COURRIER, Richard Vigneault, porte-parole d’Olymel.
Les employés ont appris vendredi que le sort de l’usine où ils travaillent était scellé. « Nous avons été assommés par cette annonce. On nous a dit que le rendement n’était pas bon et que notre usine n’était pas assez rentable. Cela fait des années que l’on entendait que cette usine allait fermer. Cette fois, c’était vrai », nous a indiqué un travailleur que nous avons rencontré après son quart de travail.
Le président d’Olymel, Réjean Nadeau explique cette « décision difficile » par la nécessité de réduire les coûts de production et d’améliorer l’efficacité de l’ensemble des opérations de l’entreprise.
Les opérations de désossage qui avaient lieu à Saint-Hyacinthe seront transférées dans les usines de Saint-Esprit, Yamachiche et Vallée-Jonction.
Usines intégrées
Pour l’heure, Olymel met le paquet sur ses usines de Saint-Esprit et de Yamachiche qu’elle compte transformer en usines intégrées (abattage-découpe-désossage).
Mardi, la direction d’Olymel a annoncé avec son partenaire d’affaires le Groupe Robitaille, un investissement de 80 M$ pour regrouper les activités de deux usines de Yamachiche.
L’objectif est d’intégrer les 430 salariés de l’abattoir Lucyporc, qui appartient au Groupe Robitaille, aux 360 employés de l’usine d’abattage et de découpe de porc Atrahan, propriété d’Olymel.
Prévu sur trois ans, ce projet de développement majeur permettra la création de 350 emplois pour représenter à terme plus de 1000 travailleurs.
Fin juin, l’entreprise avait annoncé des investissements totalisant 25 M$ à son établissement d’abattage et de découpe de porc de Saint-Esprit. Cette décision stratégique permettra la création de 200 emplois qui viendront s’ajouter aux 810 employés actuels.
La décision d’arrêter le désossage à Saint-Hyacinthe tombe à quelques mois de l’échéance de la convention collective qui sera échue le 30 novembre 2016.
Rappelons que les négociations de la dernière convention collective ne s’étaient pas déroulées sans heurts. Les employés avaient été en grève pendant deux mois à l’automne 2009 en raison entre autres, d’un refus de gel de salaire pendant quatre ans.
La précédente vague importante de licenciements à Saint-Hyacinthe dans le milieu industriel remonte à 2006 quand la fermeture de l’usine Kimberly-Clark avait provoqué la perte de 170 emplois.
À l’échelle régionale, les fermetures en 2007 de l’usine Olymel de Saint-Simon (découpe de porc) et l’abattoir de Saint-Valérien avaient eu pour conséquence, le licenciement de 560 employés (154 à Saint-Valérien et 406 à Saint-Simon).
Propriété de la Coop fédérée, Olymel occupe le premier rang des employeurs privés de la MRC des Maskoutains avec ses 1957 travailleurs en date de juin 2016. En plus du marché australien, la production de l’usine Olymel de Saint-Hyacinthe est destinée aux usines de transformation de Trois-Rivières et de St-Henri de Lévis.