Cette transaction majeure dans le secteur du commerce de détail ne laisse pas indifférent le Maskoutain André H. Gagnon, ex-quincaillier et président du conseil d’administration de Rona de 2002 à 2007.
« C’est toute une nouvelle! La Caisse de dépôt et placement du Québec qui détient 17 % des actions a accepté l’offre alors qu’elle devait sauver Rona », estime en entrevue au COURRIER, André H. Gagnon.
L’homme de 77 ans qui a toujours eu un sens aiguisé des affaires a travaillé 62 ans dans le domaine de la quincaillerie, dont 53 au sein de Rona.
Sa famille avait des intérêts dans six des 20 magasins franchisés rachetés par Rona cet automne.
La transaction entre Lowe’s et Rona a fait doubler la valeur de l’action qui a atteint 24 $. Hier mercredi, plus de 15 millions d’actions sur un nombre d’environ 107 millions ont été transigées.
« Pour les actionnaires comme moi, je suis heureux de cette transaction. Mais comme fondateur, c’est décevant », estime M. Gagnon.
Celui-ci craint que le nouveau propriétaire diminue son approvisionnement auprès des fournisseurs québécois. « Rona effectue 50 % de ses achats au Québec et 85 % au Canada », tient à préciser M. Gagnon.
Condition gagnante
André H. Gagnon croit que la faiblesse du huard face au billet vert américain a facilité cette acquisition.
En 2012, le détaillant américain avait déjà tenté d’acheter Rona en déposant une offre de 1,76 milliard. Les marchands indépendants Rona et le gouvernement du Québec avaient alors dit non à l’offre publique d’achat (OPA) menée par Lowe’s.
« Cette transaction n’apparaît pas être dans l’intérêt du Québec ni du Canada », avait déclaré l’ancien ministre des Finances, le libéral Raymond Bachand.
Le président et chef de la direction de Lowe’s s’est engagé dans un communiqué à maintenir les activités de RONA à Boucherville où sera également situé le siège social des activités canadiennes de l’entreprise.
Fondée en 1946, Lowe’s possède 1 845 magasins en Amérique du Nord, dont 42 au Canada et compte 265 000 employés. À titre comparatif, Rona exploite un réseau de près de 500 établissements corporatifs et magasins affiliés indépendants.
« Quand je suis rentré chez Rona en avril 1962, le chiffre d’affaires était de 5 millions de dollars. Aujourd’hui, on parle de 5,5 milliards », termine M. Gagnon.