Sauf que l’arrivée d’un nouveau propriétaire dans le décor un mois auparavant, en l’occurrence Les Emballages Mitchel-Lincoln, une société qui possède des installations à Montréal et Drummondville, permettra de poursuivre les opérations et de préserver une soixantaine d’emplois à Saint-Pie. Cela n’empêchera toutefois pas des dizaines de créanciers de Cartex d’y perdre au change.
L’entreprise spécialisée dans la fabrication de boîtes de carton, de présentoirs et d’emballages, ainsi que sa division Imacor de Laval, ont été vendues à Mitchel-Lincoln pour un montant de 2 285 000 $.
« Cette acquisition est une bonne nouvelle pour la région puisque Mitchel-Lincoln est un joueur majeur au Québec dans le domaine du carton. La nouvelle entité sera un complément pour l’une de ses divisions », a indiqué Nicolas Boily, expert en redressement d’entreprises et en restructuration à la firme Raymond Chabot.
Dans le rapport du syndic, dont LE COURRIER a obtenu copie, Emballages Mitchel-Lincoln s’est engagé à conserver les 59 employés d’Emballages Cartex tout en respectant l’ancienneté et les conditions de travail. « La transaction aura pour effet de maintenir des emplois et assurer le paiement des salaires et vacances impayés en continuité des affaires », peut-on lire en conclusion du rapport.
Ces dernières années, Emballages Cartex a connu son lot de difficultés.
L’entreprise a d’abord échoué dans sa tentative d’intégrer le marché boursier en 2013. Elle aurait aussi réalisé un mauvais investissement dans l’acquisition d’une pourvoirie et la conduite de ses opérations était inefficience, note le syndic. « Conséquemment, la débitrice [Emballages Cartex] a subi des pertes cumulées d’au moins 1,8 million $ depuis 2014 », peut-on lire dans son rapport.
L’entreprise était encore jusqu’à tout récemment la propriété d’Alain L’Heureux, celui-là même qui débordait d’enthousiasme à l’idée d’intégrer la Bourse de croissance TSX à l’été 2013. Cette étape, disait-il à ce moment, aurait été déterminante pour l’entreprise, en faisant grimper son chiffre d’affaires de 8 M$ à plus de 40 M$.
Selon l’analyse du syndic, « le fonds de roulement était déficitaire et se détériorait depuis 2014 », tant et si bien que Cartex accusait un endettement de plus de 5,2 M$ avant la mise en vente récente de certains actifs.
Créanciers
De nombreux créanciers écopent dans cette faillite.
Le montant des créanciers garantis s’élève maintenant à 1 589 000 $ et celui des créanciers non garantis à 898 621 $. Les principaux créanciers garantis sont la Banque de Développement du Canada (785 000 $), Investissement Québec (440 000 $) et la Banque Royale du Canada (195 000 $).
Le CLD perd sa mise
En tant que créancier garanti, l’ex-CLD Les Maskoutains, devenu Développement économique de la MRC des Maskoutains (DEM), devra mettre une croix sur la somme de 128 000 $, qui correspond au solde d’un prêt de 150 000 $.
Cartex avait sollicité une aide financière de l’organisme maskoutain par l’entremise du Fonds local d’investissement (FLI-FLS). En 2010, le comité d’investissement local du CLD avait accordé un premier prêt de 100 000 $, qui a été entièrement remboursé, avant de lui consentir un second prêt de 150 000 $ en 2014.
« Nous voulions par-dessus tout que les 59 emplois soient sauvés. Nous accusons une perte financière, mais la conclusion sera tout de même intéressante puisque l’entreprise survivra », a indiqué au COURRIER Charles Fillion, directeur associé de DEM.
Dans le dossier de faillite, on compte plus de 100 créanciers non garantis dont la firme comptable BDG CPA de Saint-Hyacinthe (5 720 $), Camille Fontaille & fils (3 099 $) et Imprimerie Maska (5 559 $).
Fondée en 1996, la société Les Emballages Cartex possède deux usines situées sur l’avenue Jacques-Cartier à Saint-Pie ainsi que la division Imacor à Laval.
Quant aux Emballages Mitchel-Lincoln, l’entreprise fondée en 1965 regroupe trois usines et compte plus de 850 employés. Son siège social se trouve à Montréal.