21 juillet 2016 - 00:00
Critique
King Dave : à bout portant
Par: Sarah Daoust Braun
Yan Turcotte/Les Films Séville

Yan Turcotte/Les Films Séville

Yan Turcotte/Les Films Séville

Yan Turcotte/Les Films Séville

Yan Turcotte/Les Films Séville

Yan Turcotte/Les Films Séville

Dave, c’est un

Tout dans King Dave impressionne : le plan-séquence de 91 minutes, véritable prouesse technique, le scénario qui se joue sur plusieurs niveaux, la performance d’Alexandre Goyette dans la peau du voyou.

Parce que tout part de ce dernier, qui créait en 2005 la pièce de théâtre, très bien accueillie par la critique, et qui signe maintenant le texte de l’adaptation, en plus de reprendre son rôle.

Dave, c’est un coriace, un battant, qui ne lâche pas facilement le morceau. Mais sous ses airs de colosse, se cache en lui un enfant craintif, influençable, qui veut faire valoir sa royauté. C’est pourquoi il décide de se venger quand il voit un inconnu danser avec sa copine et toucher ses fesses. Et il s’enfoncera, toujours plus profondément, surtout après s’être mêlé à un gang de rue, laissant filer de plus en plus ses possibilités d’échappatoire.

La réalisation de Podz (Miraculum, L’Affaire Dumont, Les Sept Jours du talion) qui avait déjà signé le fameux plan-séquence de 13 minutes de la série télévisée 19-2, permet de porter ce souffle, cette longue décharge qui habite le personnage de Dave. Le prodigieux segment qui anime du début à la fin le long-métrage — et derrière lequel se cache un trajet de 9 kilomètres, 5 jours de tournages et une logistique démesurée — sied parfaitement à la volonté de faire du film un objet cinématographique à part entière, sans pour autant renier ses racines théâtrales. Résultat, une séquence sans aucune faille, où le jour et la nuit défilent aussi vite que la descente aux enfers du king.

Cette mise en scène extrêmement bien maîtrisée, qui confond l’oeil, va de pair avec le scénario qui emprunte au monologue de la pièce tout en sachant intégrer les codes du cinéma.

Il en résulte un procédé plutôt singulier qui pourrait, au début, dérouter les spectateurs : Dave ne se gêne pas pour briser le quatrième mur, tout en continuant à s’adresser aux autres personnages. Cet appel constant à la caméra, dans une langue populaire hachurée et anglicisée, mais hautement rythmée, reste tout de même efficace pour suivre les tribulations, parfois étourdissantes, du protagoniste.

Il n’y avait d’ailleurs qu’Alexandre Goyette qui pouvait incarner de nouveau ce roi prématuré, né de sa propre plume. Sa performance est puissante, scénique, sentie. Le principal interprète parvient à jongler en continu dans divers registres d’émotion tout en gardant toujours le ton juste.

King Dave est l’un de ses spécimens rares où la réalisation, le scénario et l’interprétation se répondent tous avec justesse, et où le théâtre ne se cache pas bien loin.

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