18 août 2016 - 00:00
Olymel, la suite
Pas de quoi fouetter un cochon?
Par: Martin Bourassa

«Par leur manière d’agir, les administrateurs d’Olymel ne respectent pas les gens. Ce sont des familles entières qu’on sacrifie. La Coop fédérée a été créée par des gens d’ici. Il faut donner l’heure juste à la population. »

Malgré les apparences, cette déclaration n’a pas été lancée par un élu ou un leader économique maskoutain au lendemain de l’annonce de la suppression de 400 postes à l’usine Olymel de Saint-Hyacinthe le 5 août dernier.

Non, ce sont plutôt les mots prononcés par le député Léandre Dion à la fin janvier 2006 en apprenant la fermeture de l’usine de découpe et de désossage de porc de Saint-Simon et le licenciement de plus de 520 employés, au terme d’une réorganisation qui sera suivie peu après par la fermeture de l’abattoir de porcs de Saint-Valérien.

Et le député Dion n’avait pas été le seul à exprimer sa frustration. « Si je comprends bien toute cette restructuration, tout laisse croire que nous sommes la grande perdante. Pourtant, nous sommes la plus grande région productrice au Québec, c’est incompréhensible. […] Il semble qu’on a été traité avec mépris dans tout ce processus », avait renchéri Mario De Tilly, alors directeur général du CLD.

Cette déclaration est, avouons-le, encore drôlement d’actualité.

Même que les deux députés de l’époque, Dion et le bloquiste Yvan Loubier, avaient fait front commun pour porter plainte auprès du Conseil de la coop��ration du Québec contre les agissements à l’encontre des valeurs coopératives de la Coop fédérée dans le dossier Olymel, tout en dénonçant « l’attitude déplorable et indigne […] qui s’apparente plus volontiers à un capitalisme sauvage », du PDG d’Olymel, Réjean Nadeau.

Le député Loubier avait dit souhaiter être entendu lors de l’assemblée générale d’Olymel et Mario De Tilly avait aussitôt annoncé la formation d’un comité de suivi formé des deux députés, des élus municipaux concernés, du directeur général de la Chambre de commerce et d’un représentant d’Emploi-Québec. Bien entendu, l’indignation générale manifestée à cette époque n’a rien changé à la suite des choses.

Le député Loubier avait dit souhaiter être entendu lors de l’assemblée générale d’Olymel et Mario De Tilly avait aussitôt annoncé la formation d’un comité de suivi formé des deux députés, des élus municipaux concernés, du directeur général de la Chambre de commerce et d’un représentant d’Emploi-Québec. Bien entendu, l’indignation générale manifestée à cette époque n’a rien changé à la suite des choses.

La plainte symbolique n’a pas eu de suite et n’a surtout pas empêché Olymel de passer aux actes et de recommencer le même manège 10 ans plus tard. Ce qui frappe actuellement, c’est plutôt le contraste étonnant, voire inquiétant, entre les réactions de nos leaders politiques et économiques passés et actuels. Outre la déception et la compassion manifestées envers les travailleurs et les familles, aucune flèche n’a été lancée vers Olymel et son siège social maskoutain, aucune action structurée n’a été envisagée. Sommes-nous devenus à ce point dociles, mous et résignés? Avons-nous perdu notre capacité d’indignation et surtout notre influence, malgré la présence de producteurs agricoles dans des postes clés à la mairie et à la Chambre de commerce et notre statut de capitale agroalimentaire? Même le syndicat TUAC — la même instance qu’à Yamachiche — n’a pas cru bon déchirer sa chemise sur la place publique.

De toute évidence, Olymel a bien joué ses cartes, allant même jusqu’à annoncer la suppression de 340 postes alors qu’elle était bien placée pour savoir qu’en réalité ce chiffre serait plus près de 400, voire de 415. Mais annoncer la suppression de 340 postes quand on sait que cinq jours plus tard on confirmera la création de 350 postes à Yamachiche, cela permet aux dirigeants d’Olymel de sauver la face. Mieux encore, on dirait que localement, Olymel a réussi à convaincre un peu tout le monde que la mauvaise nouvelle du jour concernant l’usine de désossage ne l’était pas autant qu’elle en avait l’air, en laissant entendre qu’elle relocaliserait une majorité de travailleurs. Combien et où, bonnes questions. Ne pariez pas vos économies sur des centaines de transferts dans les autres usines Olymel de notre MRC. Il ne faut pas perdre de vue que malgré toutes les belles promesses, les emplois perdus à Saint-Valérien et Saint-Simon ne sont jamais réapparus dans la MRC puisque le bilan montre que les effectifs d’Olymel ont diminué de près de 700 sur une période de 10 ans. Et si vous êtes de ceux qui prétendent que cette usine était vétuste, isolée des autres activités d’abattage et de découpe et condamnée, on vous invite à poursuivre votre raisonnement et à vous demander à qui il faut attribuer cette situation. Quant à nos leaders politiques et économiques, on leur suggère de redoubler d’ardeur dans le dossier Exceldor, qui jongle entre l’agrandissement de son usine de Saint-Damase ou son déménagement. Vous ne pouvez vous permettre de l’échapper.

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