8 décembre 2016 - 00:00
Le privé débarque dans les kiosques Loto-Québec
Par: Rémi Léonard
Le privé débarque dans les kiosques Loto-Québec

Le privé débarque dans les kiosques Loto-Québec

Le privé débarque dans les kiosques Loto-Québec

Le privé débarque dans les kiosques Loto-Québec

Au Québec, plus d’une centaine de kiosques comme celui installé aux Galeries St-Hyacinthe sont gérés par des organismes sans but lucratif. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Au Québec, plus d’une centaine de kiosques comme celui installé aux Galeries St-Hyacinthe sont gérés par des organismes sans but lucratif. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La gestion des kiosques Loto-Québec présents dans les centres commerciaux est en train de passer des mains d’organismes sans but lucratif (OSBL) au privé, révélait le 21 novembre La Presse, et celui des Galeries St-Hyacinthe ne fait pas exception.


Le point de service est exploité depuis de nombreuses années par la Société Saint-Jean-Baptiste Richelieu-Yamaska (SSJBRY). Rejoint par LE COURRIER, son coordonnateur Jean-Yves Langlois observe d’un œil inquiet le virage entrepris par la société d’État. L’entente avec Loto-Québec arrive à échéance en octobre 2017, après quoi un appel de propositions pour la gestion du kiosque sera lancé.

Les organismes à but non lucratif sont conviés au processus, a assuré par courriel Marisol Schnorr, conseillère en relations de presse chez Loto-Québec. Les critères pour évaluer les propositions comprennent entre autres « la localisation de la place d’affaires par rapport aux kiosques, l’expérience et la capacité de gestion ainsi qu’une capacité financière suffisante de l’exploitant », a-t-elle précisé.

Ainsi, un premier appel de propositions pour la gestion de dix kiosques a été remporté l’été dernier par une entreprise privée, a confirmé la société d’État. En les réattribuant par grappe de dix, il est évident que « l’immense majorité » des OSBL vont perdre leur rôle d’exploitant, et par le fait même une source de financement, a observé Jean-Yves Langlois. Selon les chiffres fournis par Loto-Québec, 47 OSBL se partagent actuellement la gestion de 109 kiosques à travers la province.

En plus de celui des Galeries St-Hyacinthe, la Société Saint-Jean-Baptiste Richelieu-Yamaska gère deux autres kiosques dans la région de Montréal. Conscient qu’il ne peut en garder seulement quelques-uns, le coordonnateur ne sait pas encore si son organisme pourrait essayer d’appliquer pour obtenir la gestion d’une dizaine de kiosques.

« Chose certaine, si on ne bouge pas, on le perd. Je me questionne en plus sur nos chances réelles [d’être sélectionné] », a ajouté Jean-Yves Langlois. Croit-il que Loto-Québec veut simplement tasser les OBNL de ses kiosques? « C’est l’impression qu’on a », a-t-il répondu.

Invitée à commenter, la députée de Saint-Hyacinthe Chantal Soucy a reconnu que cettedécision d’affaires de la société d’État apporte des « impacts importants » aux OSBL. Son parti entend « suivre de près » les prochains appels de propositions de Loto-Québec afin que les OSBL soient respectés dans le processus. « Il ne faut pas que les appels de propositions favorisent le privé », a-t-elle affirmé.

Rentable ou pas?

Loto-Québec justifie sa position par la nécessité de « dynamiser » son réseau de kiosques de loteries « en ayant un modèle de gestion actuel et optimal », a précisé Marisol Schnorr. Le ministre des Finances Carlos Letão a défendu l’orientation de la société d’État en plaidant que la plupart des kiosques ne sont pas rentables. Une affirmationvivement contestée par Jean-Yves Langlois.

« Ils ne sont pas très rentables pour nous [les OSBL], mais ce l’est pour Loto-Québec », a-t-il nuancé. Le kiosque des Galeries « performe bien » en générant des ventes de 1,2 M$ par année, a soutenu le coordonnateur de la SSJBRY, qui précise que son organisme en perçoit 6 %. Cette commission n’a jamais été indexée, mais le loyer et les salaires augmentent continuellement, ce qui fait que Loto-Québec fournit une compensation financière pour rentabiliser les opérations, a expliqué Jean-Yves Langlois. « S’il y a des problèmes de rentabilité, c’est uniquement à cause des règles du jeu fixées par Loto-Québec », a-t-il plaidé. Grâce aux contributions compensatoires, « on fait quand même un peu d’argent », a-t-il indiqué, sans dévoiler ses profits. « Ça reste de l’argent dont on a besoin », a-t-il plaidé.

Loto-Québec s’est engagée à verser une compensation équivalente à celle versée durant l’année 2015-2016 aux organismes qui perdront la gestion d’un ou de plusieurs kiosques.

Les revenus de loteries de Loto-Québec ont crû de 10 % dans la dernière année pour se chiffrer à 1,8 G$, indique le dernier rapport annuel de la société.

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