2 février 2017 - 00:00
Attentat de Québec
Choisir ses mots
Par: Martin Bourassa

Il va se dire et s’écrire encore beaucoup de choses au sujet du triste, répugnant et condamnable attentat terroriste contre une mosquée de Québec. Permettez-nous d’ajouter quelques mots à notre tour et de le dénoncer haut et fort. 


Nos plus sincères condoléances vont à la communauté musulmane et bien entendu aux victimes et aux familles foudroyées par cet assaut barbare.

Dans la foulée, plusieurs observateurs ont dit qu’un examen de conscience s’impose de la part des médias de Québec, accusés d’alimenter l’intolérance et la haine dans une ambiance « toxique ». 

Nous sommes d’avis que cet examen de conscience doit être plus grand encore, voire même collectif. 

Ces événements nous interpellent tous individuellement, que l’on soit politicien, éditorialiste, animateur de radio, lecteur de nouvelles ou simplement Monsieur et Madame Tout-le-monde qui a accès à un clavier ou à un écran et qui se sert des réseaux sociaux comme tribune pour s’offrir une vitrine, voire une vie.

Car pendant que nous avions les yeux tournés vers les États-Unis pour suivre les effets des politiques migratoires dictées par le président Trump, le pire se préparait et se jouait dans notre cour, à Québec. Le sombre bilan fait état de six morts, d’une vingtaine de blessés et de 17 orphelins. « On le voit bien, personne n’est à l’abri », a commenté avec justesse le premier ministre Philippe Couillard. Ce dernier a superbement réagi avec des propos dignes et de circonstances. Nous retiendrons spécialement son appel à la vigilance : « Les mots prononcés, les mots écrits aussi, ne sont pas anodins, à nous de les formuler et de les choisir ». 

C’est encore plus vrai quand il est question de parler de religion, d’islamophobie, de xénophobie ou d’extrême droite. Le danger est de faire des amalgames oude banaliser les propos racistes et intolérants à Québec, comme à Saint-Hyacinthe. 

Chez nous, la communauté musulmane est bien installée et très discrète. Le centre islamique maskoutain de la rue Saint-Joseph n’a même aucune affiche annonçant sa présence. Par extrême prudence sans doute. La grande réserve des responsables de cette mosquée maskoutaine à commenter les événements de Québeclaisse présumer qu’ils sont craintifs. Il faut reconnaître que si cette mosquée est présente chez nous, l’intolérance et la xénophobie le sont tout autant. Oui ici aussi.

Ce centre a déjà fait l’objet de vandalisme par le passé. Lors des élections fédérales de 2015, un candidat indépendant a même dénoncé à répétition le trop grand nombre d’immigrants chez nous et promis la fermeture de cette mosquée en cas de victoire, une déclaration qui n’avait pas été dénoncée par grand-monde. Mais imaginez un peu les réactions si ce dernieravait osé suggérer la fermeture de la Cathédrale de Saint-Hyacinthe.

Ce candidat défait a malgré tout obtenu 271 votes et vécu son heure de gloire grâce à Infoman qui devait le trouver plutôt divertissant à l’époque. Voilà qui donne matière à réflexion.

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