Les utilisateurs du stationnement devraient donc tourner moins longtemps en rond à la recherche d’une place pour leur voiture, mais le comité Logemen’Mêle trouve pour sa part la décision plus déplorable. Andrée Rochon, agente de développement à cet organisme de défense des locataires, s’est dite « choquée » par le choix de la Ville, surtout compte tenu du « peu de cases en jeu par rapport à l’importance de onze familles ».
D’autant plus que ces édifices abritent des « logements à bas loyer pour des familles à faibles revenus », a-t-elle souligné. Pour ne pas qu’elles se retrouvent à payer plus cher par la suite, la Ville a « l’obligation morale » de les relocaliser dans des logements « équivalents », a-t-elle soutenu. Un moyen d’y parvenir serait de s’entendre avec l’Office municipal d’habitation de Saint-Hyacinthe pour leur donner accès en priorité à un logement à prix modique. L’organisme gère une dizaine d’immeubles à logements au centre-ville, dont un directement en face des bâtiments appelés à être démolis.
Légalement, en plus de fournir un avis de six mois (ce qui a été fait), la Ville doit aussi payer une indemnité de trois mois de loyer en plus des frais du déménagement des personnes évincées, a ajouté Andrée Rochon. Son organisme ira rencontrer les locataires concernés pour les informer de leurs droits, a-t-elle spécifié.
À la Ville de Saint-Hyacinthe, on s’assurera de « respecter les obligations du Code civil », a simplement commenté la directrice des communications, Brigitte Massé.
Le malheur des uns…
D’autres organismes communautaires ne sont cependant pas fâchés de l’arrivée de plus d’espaces pour se stationner à cet endroit, puisque le Carrefour des groupes populaires se trouve sur la rue Saint-Antoine, juste au coin de ce stationnement public gratuit. Pour Roger Lafrance, coordonnateur de l’Association coopérative d’économie familiale de la Montérégie-Est, le manque de stationnement à cet endroit est devenu « un réel problème » depuis l’implantation des horodateurs au centre-ville.
Il s’agissait d’ailleurs d’une demande de longue date de plusieurs organismes logeant au Carrefour. Cet ajout de places permettra de donner « une bouffée d’air frais au secteur », mais la solution à long terme serait davantage un stationnement souterrain, croit-il.
Côté commercial, on accueille aussi la décision favorablement. « Une trentaine de places, c’est un bon début, mais on est loin de l’objectif si on veut une relance durable », a commenté Simon Cusson, de la SDC centre-ville. Il préconise un stationnement étagé afin de combler à la demande des clients, travailleurs et visiteurs qui arrivent en voiture au centre-ville, particulièrement si le stationnement près du Centre des arts se voyait amputer d’espace (voir autre texte).
Quelle valeur?
Concernant les trois bâtiments menacés de démolition, il importe de préciser qu’ils ne sont pas identifiés comme étant des éléments présentant une valeur au plan patrimonial dans l’inventaire architectural des bâtiments du territoire réalisé par la MRC des Maskoutains.
Toutefois, le chargé de projet en patrimoine à la MRC, Robert Mayrand, considère que les deux premiers, à partir de l’intersection Mondor – Marguerite-Bourgeois, présentent un certain intérêt dans la trame urbaine, considérant leur âge, leur revêtement de brique, des éléments décoratifs comme des corniches ouvrées. Il estime que le premier bâtiment date de la période 1890-1910, et le second, de la période 1910-1930. « Ce n’est rien de spectaculaire, mais c’est intéressant. Ils sont représentatifs des habitations d’un quartier industriel ancien et ils contribuent à la richesse patrimoniale du centre-ville dans son ensemble. Autant que possible, il faut éviter les grandes percées dans le bâti ancien. »
M. Mayrand note aussi que ces édifices servent d’écran entre un stationnement municipal et la rue, ce qui, à ses yeux, ajoute à leur valeur au plan esthétique.
Avec la collaboration de Benoit Lapierre