Orchestrée par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), l’actiona largement laissé la parole aux travailleurs, majoritairement des infirmières et infirmières auxiliaires, pour donner leur version de ce qui se passe – à l’échelle humaine – dans le réseau public d’hébergement.
Témoignages troublants
Quarts de travail de plus de 16 heures, piles de formulaires à remplir, outils désuets, surcharge de travail, impossibilité à se faire remplacer, des ratios de deux infirmières pour 74 résidents à l’Hôtel-Dieu, les exemples et les témoignages bien concrets avaient de quoi interpeller les administrateurs.
« Je me sens comme de la chair à canon qu’on envoie au front », a dit un infirmier travaillant à l’Hôtel-Dieu pour imager son travail. « En 32 ans dans le milieu, je n’ai jamais vu une telle surcharge de travail », a soutenu une collègue.
Une autre a témoigné de sa désillusion à propos du métier d’infirmière. « Avant je travaillais pour Olymel sur une chaîne de montage. Je me suis réorientée vers une vocation que je croyais plus valorisée, mais j’ai aujourd’hui la même impression de travail à la chaîne », a raconté la travailleuse du Centre Andrée-Perrault.
La direction préoccupée
La PDG du CISSSME, Louise Potvin, a assuré être très « sensible » à la situation, reconnaissant qu’avoir des effectifs de remplacement suffisants est « l’objectif incontournable » de l’organisation. « Je m’engage personnellement à y donner suite », a-t-elle affirmé à ceux qui s’étaient déplacés.
La représentante de la FIQ pour la Montérégie, Lucie Ménard, a décrit une situation « alarmante » sur le territoire du CISSSME, qui comprend Saint-Hyacinthe, Sorel et une partie de la Rive-Sud de Montréal. Ciblant le manque d’effectifs, mais aussi la mauvaise utilisation des ressources disponibles, elle dit constater une « dégradation » dans la qualité et la sécurité des soins. Les travailleurs sont arrivés à un « point de rupture », a-t-elle averti.
Nancy Bédard, vice-présidente à la FIQ, a rappelé que son organisation était toujours en attente d’une rencontre avec le CISSSME pour se pencher sur le problème. « On souhaite travailler pour trouver des solutions, on a des propositions à apporter, mais on n’est pas capable de s’asseoir avec la direction », a-t-elle soulevé pour expliquer la raison de cette intervention spéciale au conseil d’administration.
Rappelant « l’obligation de fournir des soins de qualité et sécuritaires », Nancy Bédard a aussi dénoncé que certains postes vacants ne soient pas affichés. Le recours à la main-d’œuvre indépendante, via des agences de placement privées, pour combler les besoins de personnel est aussi critiqué par le syndicat.
La PDG a assuré que cette façon de faire n’était appliquée qu’en « dernier recours ». Elle a conclu en promettant de « travailler plus intensément » sur l’enjeu de la main-d’œuvre.
L’organisation a tenu à réagir quelques jours plus tard en précisant qu’il n’y avait eu aucune diminution de budget et aucune suppression de poste dans les trois dernières années. La problématique s’explique plutôt par une pénurie de personnel et de nombreux efforts de recrutement sont déployés, a assuré Catherine Latendresse, porte-parole du CISSSME. La demande de la FIQ de mettre sur pied un comité de travail sur la problématique est donc « accueillie favorablement » par l’organisation.