Ce n’est pas une insulte, loin de là, juste un clin d’œil en référence au défunt père du maire Claude Corbeil, celui qui croyait dur comme fer qu’un agriculteur ne pourrait jamais réussir à se faire élire comme maire de la Ville de Saint-Hyacinthe.
M. Corbeil a fait mentir son père en 2013 et il entend bien répéter cet exploit en novembre prochain. C’est ce qu’il a annoncé le 28 février devant un parterre de gens d’affaires réunis à l’initiative de la Chambre de commerce locale. Il s’agissait pour lui de sa quatrième visite à ce rendez-vous annuel devenu quasi incontournable. Assez en tout cas pour m’inciter à sortir de ma semaine de relâche. Et je ne l’ai pas regretté.
Sans contredit, M. Corbeil y a livré son meilleur discours en quatre ans.
On s’entend pour dire qu’il n’est pas et ne sera sans doute jamais un grand orateur, mais il nous est apparu plus chaleureux, moins coincé qu’à l’habitude quand il sent les projecteurs se braquer sur lui. On oserait même dire qu’il était en contrôle.
Il faut dire qu’il n’y a aucune gêne à se présenter devant les gens d’affaires cette année. L’économie maskoutaine tourne à plein régime comme en font foi les investissements records de quelque 192 M$ recensés dans le secteur de la construction en 2016.
Considérant l’importance des investissements municipaux dans cette réussite, liés entre autres au projet de centre de congrès et de la biométhanisation, il est un peu, avec le conseil actuel, l’un des principaux artisans de cette réussite.
Le centre de congrès municipal aura eu jusqu’à présent un effet de levier, l’argent de vos taxes attirant des investissements privés tout autour.
Même s’il a fait état du niveau de la dette à l’ensemble, en diminution d’un peu plus de 6 millions de dollars depuis son élection, le maire Corbeil ne s’y est pas attardé. On le comprend puisque cette dette ne comprend pas les millions investis dans la biométhanisation. Elle devrait même exploser d’ici un an ou deux quand le gros des factures liées au projet de centre de congrès et du prolongement du boulevard Casavant vont se mettre à rentrer. Encore davantage si aucune subvention ne vient éponger une partie des 32 M$ qui seront nécessaires pour construire le tunnel.
Durant son allocution, Claude Corbeil a même trouvé moyen de ménager la chèvre et le chou, en parlant des projets de deux promoteurs rivaux, soit Réseau Sélection et le Groupe Robin. Aucun impair n’a été commis à ce niveau. Certaines affirmations plus délicates devront toutefois être démontrées au cours des prochaines semaines.
À propos de la revitalisation du centre-ville, Claude Corbeil a indiqué qu’elle ne se ferait pas au détriment des gens qui y vivent déjà. Voilà une déclaration plutôt risquée dans la mesure où la Ville compte démolir des immeubles locatifs et mettre des résidents à la rue pour aménager des places de stationnement.
Dans la même veine, il a aussi lancé l’idée de lancer une vaste campagne afin de promouvoir l’achat local. Les firmes de communications locales qui ont été écartées par la Ville elle-même pour préparer la refonte du site Internet de la municipalité seront certainement heureuses de l’apprendre et d’y participer.
Devant cet auditoire gagné à sa cause, le maire a parlé presque exclusivement d’économie. Ce fut silence radio ou presque sur ses intentions en matière culturelle avec le projet de Complexe culturel maskoutain ou concernant la fameuse taxe compensatoire pour les organismes communautaires.
Dans le contexte actuel, parier sur le retour de Claude Corbeil pour un second mandat était une évidence. La question est de savoir s’il devra défendre son siège et son bilan. Sous ses apparences reluisantes, son bilan n’est certes pas parfait, lui qui s’était fait élire avec la promesse d’amener le train de banlieue à notre porte et de régler le conflit de travail à l’Hôtel des Seigneurs. On ne savait pas à ce moment que sa solution nous coûterait 35 M$ à même nos taxes.
Il n’y a rien comme une course électorale pour discuter des vraies affaires et pour prendre la réelle mesure de nos dirigeants. À huit mois des élections municipales, la question se pose déjà : y a-t-il un habitant ou un simple citoyen de la grande ville qui soit intéressé à se lancer dans cette course? Les répondants à notre question Internet de la dernière semaine pensent dans une forte proportion que ce sera le cas. Ça reste à voir.