13 avril 2017 - 00:00
La petite centrale T.D.-Bouchard, en avons-nous vraiment besoin?
Par: Le Courrier
La petite centrale T.D.-Bouchard, en avons-nous vraiment besoin?

La petite centrale T.D.-Bouchard, en avons-nous vraiment besoin?

La petite centrale T.D.-Bouchard, en avons-nous vraiment besoin?

La petite centrale T.D.-Bouchard, en avons-nous vraiment besoin?


La réponse sera nette : NON. Pire, telle que gérée actuellement la petite centrale nuit à notre économie, à notre environnement, à notre autonomie. Elle est emblématique d’un mouvement de privatisation de notre plus grande réalisation collective : Hydro-Québec. Enfin, dans un contexte où s’affronte une crise du capitalisme et une crise écologique sans précédent, elle devient sujet d’un vif débat qu’il nous faut mener de toute urgence : choisirons-nous de participer à cette politique néolibérale de croissance effrénée qui exploite pour empiler jusqu’au plafond ou pouvons-nous travailler ensemble à une politique de transition énergétique et une prise en charge responsable de nos biens communs? 

La compagnie privée qui gère notre petite centrale depuis 1997 est l’ontarienne Algonquin Power Fund. Cette entreprise diversifiée dans l’hydroélectricité, l’éolien, le solaire et le pipeline prospère année après année, chiffrant ses revenus au-delà du milliard. Elle a même acheté l’an dernier une compagnie d’électricité américaine pour la somme de 1,15 milliard de dollars. Quel est son intérêt financier à produire 2,6 MW d’électricité – soit l’équivalent d’une toute petite éolienne – à Saint-Hyacinthe? Bien sûr, elle vend sa production inutile à Hydro-Québec le double (9,1¢) du tarif maximum obtenu par la société d’État pour écouler ses surplus (4,6¢)! À la demande de notre Ville, la compagnie diminue les turbinages l’été afin de garantir un débit minimum pour nos besoins. Par contre, Saint-Hyacinthe s’engage à compenser à 50 % les pertes de revenus générées par ce ralentissement d’activités. Avouons que si la Ville souffre des redevances manquantes qu’elle pourrait fort bien utiliser à meilleur escient, l’avantage financier qu’en retire Algonquin de son côté semble minime. Cette gestion qui nous apparaît plus arrogante que payante.

Le contrat qui lie Algonquin Power à notre Ville a été signé pour 40 ans. Il nous reste 17 ans à endurer cette exploitation. À moins que les citoyens contestent. Parce qu’il est carrément alarmant dans un contexte de changements climatiques de poursuivre le turbinage à l’année alors que les experts en climat d’Ouranos nous prédisent une diminution des niveaux d’eau due à une baisse constante des précipitations annuelles. Par contre, Ouranos prévoit que plusieurs de ces pluies seront brutales, abondantes, et trop vite évaporées pour assurer une recharge suffisante des nappes phréatiques. Elles entraîneront aussi des déversements d’eaux usées qu’il faut absolument apprendre à gérer, à prévenir. 

Il est inadmissible d’exploiter sans considérations environnementales, la rivière Yamaska, la plus fragile rivière du Québec! Car en plus de toutes les pressions climatiques, la relative prospérité de notre région attire plus d’industries et une population croissante qui commande à son tour un étalement urbain qui gruge nos zones vertes. L’eau de notre rivière devient plus difficile à traiter, puisque son pouvoir de dilution en diminuant, concentre les contaminants. On le voit, les problèmes sont complexes, réels et taxent notre avenir.

Les citoyens maskoutains ont-ils le pouvoir de forcer la réouverture d’un contrat avec une multinationale? Oui! En s’organisant collectivement, la démarche est aussi envisageable que le fut la nationalisation de l’électricité dans les années 1960. Par exemple, en formant un Conseil municipal parallèle ayant pour unique mission de se réapproprier la petite centrale afin de gérer notre eau comme un bien commun, nous pourrions nous doter d’outils politiques et juridiques permettant d’imputer les responsabilités de ce genre de compagnies sur l’environnement et forcer la réouverture du contrat muni d’un argumentaire solide.

Cette idée de former un Conseil parallèle est audacieuse, mais aucunement méprisante à l’égard du Conseil municipal élu. Au contraire, le Conseil parallèle se veut auxiliaire, coopératif. Il permet de concevoir autrement la participation citoyenne en initiant cette démarche de réappropriation. Les Maskoutains veulent se donner le pouvoir essentiel de se savoir collectivement responsables de la suite du monde. 

La petite centrale est une opportunité exceptionnelle de s’exercer à l’action locale pour un impact sinon global, certainement national! Saint-Hyacinthe, terre d’innovation sur une planète en péril? OUI, nous sommes!

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