Autour de la table, des artistes, des représentants d’organes culturels et des représentants de la Ville ont échangé pendant presque deux heures sur les enjeux maskoutains. Si les premières minutes de la rencontre abordaient de façon assez générale les défis d’artistes, le ton est vite devenu plus mordant.
Le directeur général et artistique du Théâtre de la Dame de Cœur, Richard Blackburn, a été le premier à lancer le débat sur la nécessité de rendre la région plus attrayante face à la domination montréalaise, notamment à l’aide d’une politique culturelle digne de ce nom. Le défi : arriver à toucher les élus et à les sensibiliser à la cause, selon plusieurs intervenants. Deux représentantes de la Ville étaient présentes à savoir Jacinthe Ducas, agente de développement à la culture, et la conseillère municipale Johanne Delage. Elles ont participé au débat, ne défendant que rarement les positions culturelles de la Ville.
Priorités
La question du Complexe culturel maskoutain est venue sur la table, alors que certains intervenants, dont Marcel Blouin d’Expression, ont déploré le fait que la Ville déployait toutes ses énergies sur une tour de résidences pour personnes âgées plutôt que d’appuyer ce projet. « C’est une question de priorités », a rétorqué Mme Delage, se désolant de voir le peu d’entrain au conseil municipal pour la culture. Plus généralement, Nelson Archambault, représentant le Centre des arts Juliette-Lassonde et la Médiathèque maskoutaine, a l’impression que Saint-Hyacinthe offre le minimum en culture, « juste assez pour que les citoyens ne crient pas ». Cette impression a été appuyée par un nouveau Maskoutain, le peintre René-Jacques Ratthé, à qui on a déconseillé de s’installer ici, Saint-Hyacinthe n’étant pas considérée comme une ville particulièrement amicale pour les artistes.
La conseillère Delage a rappelé le statut de technopole agricole de Saint-Hyacinthe. « L’agriculture sera toujours importante ici, mais s’il y a l’agri, il y a aussi la culture. Le trait d’union, c’est le conseil des élus. » Dommage, toujours selon elle, qu’il y ait autant d’« ignorance » et d’« intolérance » en culture au sein du conseil. En entrevue, elle a précisé sa pensée. « La culture, c’est avant tout une décision politique. On a tendance à appuyer ce qu’on connaît, et si tout le monde connaît le hockey, plusieurs pensent que la culture, ça se limite à une bibliothèque. » Selon la conseillère, la solution est d’en parler pour sensibiliser ses collègues au fait que « la culture fait aussi partie du développement économique » d’une ville.
En fin de discussion, Marcel Blouin a tenté de modérer les propos tenus autour de la table, rappelant que même si la situation culturelle n’est pas optimale à Saint-Hyacinthe, la ville demeure un beau pôle pour la culture, attirant des artistes talentueux et audacieux.
Même si aucune solution miracle n’a été trouvée lors de la rencontre, le débat a été considéré comme enrichissant pour les représentants de Culture Montérégie, qui vont à la rencontre des artistes et organismes culturels montérégiens jusqu’en septembre avant de réaliser un grand bilan et de proposer un plan d’action pour rendre la région, incluant Saint-Hyacinthe, plus compétitive sur le plan culturel. La suite sera attendue cet automne.