C’est au cours d’une réunion des membres tenue le 16 février que M. Lafrance a livré le fond de sa pensée, d’une manière trop directe au goût de certains, dont la présidente de la CDC, Annick Corbeil. « Des mots très durs ont été exprimés à l’endroit de la coordonnatrice et du conseil d’administration. Ces mots ont rendu les membres très mal à l’aise, certains se sont exprimés, d’autres non, sur la situation que nous venions de vivre et sur ce qui, selon eux, nous avait amenés là », écrivait-elle dans un courriel qu’elle a expédié aux membres le 20 février.
Trois jours plus tard, à une réunion du conseil d’administration à laquelle assistait M. Lafrance, les administrateurs lui ont demandé de remettre sa démission. « Il a refusé, et il a quitté la rencontre. Nous avons ensuite consulté un avocat, qui nous a conseillé la disqualification », a expliqué au COURRIER Annick Corbeil.
Elle a précisé que la réunion du 16 février, à laquelle assistaient 21 personnes, avait porté sur l’élaboration d’un nouveau plan d’action pour l’organisme. « Tout le monde considérait qu’il fallait repartir sur de nouvelles bases, mais M. Lafrance croit que ce travail aurait dû être fait en conseil d’administration. On avait eu une réunion la veille, mais il n’avait rien mentionné là-dessus. S’il l’avait fait, on aurait pu reconsidérer l’approche », estime Mme Corbeil.
De son côté, Roger Lafrance ne cache par qu’il remet en question le fonctionnement de la CDC. « Il y a un problème degouvernance à la CDC; l’organisme ne joue pas le rôle qu’il devrait jouer, et il n’est pas à l’écoute de ses membres », soutient-il.
Il est l’un de ceux qui, au printemps 2016, avaient émis des critiques à l’interne sur la façon dont la CDC manœuvrait face à la Ville et sa taxe compensatoire. Neuf organismes avaient ainsi fait état de leur mécontentement. « La CDC est allée trop loin dans ce dossier-là. Son approche était très conflictuelle, alors que la municipalité devrait être traitée comme un partenaire. On commence aussi à se mêler des élections municipales. Oui, la CDC doit faire de l’action politique, mais de l’action politique non partisane. Oui, elle peut parler des enjeux et organiser des débats, mais elle ne doit pas s’impliquer dans les élections municipales. Moi, je dois être prêt à travailler avec le maire et les conseillers qui seront élus, quels qu’ils soient, et c’est l’une des choses que j’ai soulevées. »
A-t-il été trop dur dans ses interventions à la réunion du 16 février? « Je ne le crois pas, mais j’ai dit ce que je pensais. On a lancé un sondage il y a deux ans auprès des organismes pour voir tous les impacts du communautaire, et on vient juste d’en avoir les résultats. Et c’est tellement partiel qu’il n’y a rien à faire avec ça. C’est un travail qui a été bâclé, et c’est là-dessus que j’ai été le plus dur. »
Malgré les derniers évènements, l’ACEF Montérégie Est demeure membre de la CDC jusqu’à nouvel ordre, et le poste qui lui était dédié au conseil d’administration reste vacant pour l’instant. « Je vais revenir devant mon conseil d’administration pour voir ce qu’on fait avec ça. Moi, à la CDC, j’ai voulu mettre les problèmes sur la table, et parti comme c’est là, ça ne va pas très bien », a conclu Roger Lafrance.