Déjà, vous me voyez venir. Ka-plic, ka-ploc, avec mes gros sabots. « Y a dû aimer ça voir les Sagouines débarquer au Conseil pour tancer, talonner et tanner les élus avec leurs questions pis leurs critiques. »
Oui, j’ai aimé ça. Comme je vais toujours aimer ça voir du monde entrer dans les hôtels de ville et les parlements pour se mêler de leurs affaires. Comme je vais toujours aimer voir la face à terre des parlementaires devant des protestataires. Oh, qu’ils n’aiment pas ça. Ils font leur air surpris, décontenancés devant tant de mauvaise foi, outrés par leur audace. Une conseillère, tout en les félicitant de leur engagement, les critiquera pour leur « attitude provocante » allant même jusqu’à dire, sans rire : « Si nous avions tous une attitude positive, ce serait plus agréable. »
Compris les amis? Si on aime la démocratie, on applaudit aux quatre ans et le reste du temps, on reste bien sagement assis. C’est bien plus agréable. Ouain, on sait ben, toé Willie, t’es toujours du « mauvais bord » des barricades, jamais du bord du pouvoir. Faux. Je suis toujours du bord du pouvoir. Le seul, le vrai.
Un politicien tentera toujours, plus ou moins habilement, de cacher au peuple sa véritable puissance. Car le vrai pouvoir n’est pas entre les mains de ceux qui ont été élus pour nous gouverner, mais dans les mains de ceux qui ne se rendent même pas compte qu’ils le détiennent.
Et quand la foi aveugle dans le système et ceux qui gouvernent remplace le jugement critique, nous sommes dans la « servitude volontaire » qu’évoquait Étienne de la Boétie. De la Boétie qui disait aussi : ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Pis je sais pas pour vous autres, mais moi j’ai trop mal aux rotules pour rester plié ben longtemps.