Lundi soir dernier à Montréal, la Société Saint-Jean-Baptiste avait invité la population à une reconstitution du célèbre cri du général de Gaulle, son fameux « Vive le Québec liiiibre », lancé du balcon de l’Hôtel de ville il y a 50 ans.
Or, il y avait un cruel décalage entre 1967 et cette immense (et jeune) foule qui avait accueilli le chef d’État français sous un soleil de plomb… et aujourd’hui, avec une toute petite foule, d’où la jeunesse était absente, sous la pluie battante et devant un comédien qu’on n’avait pu placer au balcon.
Ce tableau pathétique m’attriste. Pas pour l’idée d’indépendance, qui est encore vivante, actuelle et plus que jamais nécessaire, mais pour ceux qui ressassent sans cesse le passé espérant y trouver une forme d’espérance. Ces mêmes militants m’ennuient profondément lorsqu’ils célèbrent la première élection du PQ, le référendum de 80, celui de 95… et toutes ces occasions où on nous rappelle à quel point c’était donc l’fun dans l’temps, comment on était jeunes, on était fous, on était beaux… Ça m’énerve cette manie de célébrer ce qui n’est plus ou ce qui a passé proche, mais n’est jamais arrivé.
À force de regarder en arrière on risque de s’enfarger le futur.
En plus, les militaires, ça m’excite pas vraiment. Moi, c’est les poètes qui me font tripper. Et tant qu’à célébrer l’histoire, pourquoi pas la nôtre? Celle qu’on a nous-mêmes écrite, pas celle qui nous est dictée par la France.
Alors plutôt que fêter Charles de Gaulle, je célèbre Gaston Miron qui écrivait si justement : « … nous avançons, nous avançons, le front comme un delta. Goodbye, farewell! Nous reviendrons, nous aurons à dos le passé et à force d’avoir pris en haine toutes les servitudes nous serons devenus des bêtes féroces de l’espoir. »
27 juillet 2017 - 00:00
Carte blanche
Passer au futur