Les organisateurs se sont défendus. Ils voulaient représenter la diversité montréalaise, les jeunes étaient volontaires et membres d’une équipe sportive, c’est un malheureux hasard. Il y avait d’autres chars où des noirs étaient tirés par des blancs, mais qu’importent les explications ou les raisons. Le mal était fait. Le chef du parti libéral, Philippe Couillard, a dit comprendre les nobles intentions des organisateurs, mais, ajouta-t-il : « … l’important, c’est ce qui est perçu ». Yes, sir! Qu’importe la vérité quand l’image, même mensongère, devient la vérité.
C’est ce qui me fascine le plus de ce « scandale ». L’habileté des politiciens à s’élever par la vertu au-dessus du méchant peuple. C’est même devenu un art : la « vertuosité ». Ça consiste à montrer à quel point nous sommes bons, progressistes et ouverts, mais sans jamais s’attaquer au fond du problème. Au fait, combien de représentants des minorités au conseil des ministres? Dans les grandes sociétés d’État? Et combien de chauffeurs de taxi avec des diplômes non reconnus?
C’est la grande force de la vertuosité. Elle permet de tout être, mais sans rien faire. Et ça permet de continuer à démoniser ses adversaires.