Exécutée par le Centre de conservation du Québec (CCQ), la remise en état de cette œuvre que Vézina a réalisée en 1933 a été estimée à 6 100 $, avant taxes. Le conseil municipal a donné son aval au projet à sa séance du 18 décembre, mais l’affaire n’a pas fait l’unanimité.
La conseillère du district Saint-Thomas-d’Aquin, Linda Roy, s’est levée au moment du vote sur la proposition pour exprimer son désaccord avec cette dépense, affirmant que 6 000 $, c’était trop cher payer pour restaurer « une peinture qui ne vaut pas plus de 300 $ ». Le conseiller du district Cascades, Jeannot Caron, l’a imitée en votant lui aussi contre cette dépense, et pour la même raison.
Le COURRIER a appris plus tard que c’est leur collègue du district Sacré-Cœur, David Bousquet, qui a piloté tout le dossier de la restauration de la toile de 1933 en sa qualité d’administrateur du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe. C’est lui qui, au printemps 2014, s’était rendu à Montréal pour récupérer l’œuvre et la déménager au Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe. Elle se trouvait chez feu Gérald Longtin, un proche de M. Bouchard qui en avait lala garde. À son décès, suivant ses dernières volontés, elle a été offerte en cadeau à la Ville de Saint-Hyacinthe.
« Comme ce portrait de T.-D. Bouchard est d’un grand intérêt pour l’histoire de la municipalité,Le Centre d’histoire a transmis, le 20 février 2017, une demande de service auprès du Centre de conservation du Québec pour que l’œuvre soit examinée et qu’il y ait une évaluation des coûts de sa restauration. Actuellement, le tableau n’est pas dans un état permettant son installation dans un lieu public comme l’hôtel de ville », a indiqué le conseiller Bousquet en transmettant au COURRIER une copie du rapport du CCQ.
On comprend à sa lecture que les projets de restauration traités par ce service gouvernemental y sont abordés avec énormément de minutie. « L’œuvre est peinte à l’huile sur toile marouflée sur carton. La couche picturale présente plusieurs réseaux de craquelures de séchage gênant la lecture du portrait. L’œuvre a déjà été restaurée dans un studio d’encadrement. On suppose que cette campagne de restauration est à l’origine des nombreux repeints présents sur la surface. Le vernis d’origine est oxydé, ce qui apporte un aspect jauni à la surface, et a malheureusement été recouvert par un autre vernis acrylique », indique la restauratrice, Sylviane Gaume, dans sa description de l’état général du tableau mesurant77 x 58,6 cm, sans son cadre.
La restauration étant exécutée à un tarif horaire de 64 $, le CCQ estime que l’intervention nécessitera au moins 95 heures de travail, peut-être davantage. « L’aspect jauni est donné par le premier vernis, qui a été posé sur la couche picturale et qui n’a pas été enlevé lors de la première restauration. Pour l’atteindre, nous n’avons pas le choix d’enlever le vernis acrylique posé par-dessus, ce qui va automatiquement engendrer l’enlèvement des repeints », explique la restauratrice, en précisant que ces repeints cachent des zones lacunaires d’étendues indéterminées.
À la demande du gouvernement, le peintre Émile Vézina avait réalisé un premier portait de T.-D. Bouchard en 1930, au lendemain de sa nomination comme président de l’Assemblée nationale du Québec, rôle qu’il a joué jusqu’en 1935. Député libéral de Saint-Hyacinthe de 1912 à 1919 et de 1923 à 1944, M. Bouchard a été ministre sous Louis-Alexandre Taschereau (1935-1936), puis au sein des deux gouvernements d’Adélard Godbout (1936 et 1939-1944), en plus d’agir comme chef de l’Opposition officielle de 1936 à 1939. Il a poursuivi sa carrière politique comme sénateur de 1944 jusqu’à son décès en 1962, à l’âge de 80 ans.