« C’est une affaire de fait, les élections sont passées et c’est un stress de moins. Mais nous avons toujours travaillé avec le gouvernement en place et pour nous, ça ne change rien. On a quand même hâte de voir qui sera le prochain ministre [de l’Agriculture] », a lancé M. Desroches d’entrée de jeu.
Il a ensuite abordé le sujet de l’heure dans le monde agricole, c’est-à-dire la nouvelle brèche que les États-Unis ont pu pratiquer dans le système canadien de la gestion de l’offre dans la cadre d’un nouvel accord de libre-échange avec le Canada qui inclut le Mexique.
« Nous reconnaissons l’importance des accords commerciaux pour le développement économique du Canada, du Québec et du secteur agroalimentaire, mais nous sommes déçus des concessions accordées par le gouvernement fédéral en ce qui concerne la gestion de l’offre dans les secteurs du lait, de la volaille et des œufs. Les intérêts des consommateurs et des producteurs agricoles d’ici sont et restent notre grande priorité et nous allons continuer à les promouvoir avec énergie. Nous sommes très préoccupés par tout ça et nous allons poursuivre les analyses pour comprendre les impacts que ça aura. On va demeurer très vigilants, entre autres sur la question des compensations qui seront proposées par le gouvernement », a-t-il poursuivi.
À la période des questions, Simon Giard, maire de Saint-Simon, lui a confirmé que les producteurs laitiers comme lui sont tous très en colère devant ce recul dans de la gestion de l’offre au profit des Américains. Il a même lancé l’idée, dans ce contexte, d’une forme d’union entre les trois puissances en coopération que sont La Coop fédérée, Agropur et Desjardins, pour faire contrepoids. « Votre suggestion est intéressante », lui a répondu Gaétan Desroches, ajoutant que les trois entités allaient justement se réunir en conférence cette semaine pour discuter de la conjoncture.
Consolidation
M. Desroches a souligné qu’avec ses trois grandes divisions que sont Olymel (bannières Olymel, Flamingo et Lafleur), la Division agricole (bannières Coop et Élite, Agrocentre, Agrico et Agromart) et le Groupe BMR (bannières BMR, Unimat, Agrizone et Potvin & Bouchard), la Coop fédérée est la plus importante entreprise agroalimentaire au Québec, la seule coopérative agricole pancanadienne et la 24e plus importante coopérative agroalimentaire au monde. Les chiffres sont éloquents : elle représente plus de 120 000 membres, producteurs agricoles et consommateurs regroupés dans près de 70 coopératives, emploie plus de 13 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 6,3 milliards de dollars. En incluant ses coopératives affiliées, elle compte plus de 18 000 employés, avec un chiffre d’affaires combiné de 9,2 milliards.
Gaétan Desroches dépeint donc la Coop fédérée comme un véritable outil d’occupation du territoire et un des plus puissants leviers économiques du Québec et de ses régions, dont la Montérégie, bien sûr. Il a expliqué que, pour qu’il en soit toujours ainsi, l’entreprise avait entrepris de moderniser son modèle d’affaires, de sorte qu’un projet de transformation nommé Vision 2020 est en cours. Il a annoncé que ce projet allait se traduire, notamment, par des regroupements de coopératives régionales.
« La Coop fédérée et ses coopératives affiliées sont là pour rester, mais nous nous sommes donné la mission historique de faire évoluer le modèle coopératif », a-t-il résumé, en soulignant que l’industrie agroalimentaire était, elle aussi, à l’heure du Wi-Fi, des drones et autres technologies de pointe. « Ceux qui croient encore que l’agriculture reste un métier traditionnel avec des outils traditionnels sont complètement dans le champ », a-t-il imagé.
Lui qui a fait son entrée dans le monde agricole en 1980 à la coopérative Comax, de Sainte-Rosalie, n’oublie pas les Giard, Laflamme, Fontaine, Corbeil, Bousquet, Desautels et tous les autres agriculteurs qu’il a côtoyés ici. « Je dis merci à tout le monde, c’est vous qui m’avez donné la piqûre de l’agriculture », a-t-il lancé à son auditoire de gens d’affaires.
Il invite enfin la population à s’ouvrir au monde agricole pour mieux l’apprécier. « Allez visiter les fermes du Québec. Les aliments d’ici, quand on les connaît, ça goûte bien meilleur », a conclu l’invité de la Chambre.