On aurait pu penser, ou souhaiter, que le nouveau gouvernement de François Legault règle la question une bonne fois pour toutes, mais il n’en est rien. Celui qui s’oppose pourtant à tout signe religieux particulier sur la tête ou le corps des employés de l’État en position d’autorité semble parfaitement à l’aise de voir le crucifix sur le mur de l’Assemblée nationale et des palais de justice du Québec.
À ses yeux, ces crucifix sont d’abord des objets patrimoniaux avant d’être des objets de culte. Cela apparaît à première vue assez contradictoire comme position. Même à deuxième vue!
Je suis d’avis que la place des crucifix et autres signes religieux distinctifs devrait d’abord et avant tout être dans les églises, dans les monastères et les autres temples religieux, et à la maison bien entendu. Dans l’espace privé et non public.
Et si certains crucifix doivent être considérés à juste titre comme des objets du patrimoine à préserver, comme celui de l’Assemblée nationale, alors qu’on leur fasse une place dans les musées. Ils n’ont plus d’affaire dans nos écoles, dans nos hôtels de ville ou dans les palais de justice où on ne jure même plus sur la bible.
À Saint-Hyacinthe où les congrégations sont nombreuses et où l’Église catholique a toujours été bien présente et généreuse, nous sommes encore assez bien pourvus en crucifix dans les espaces publics. Il y en a un gros bien visible sur le mur d’une des salles d’audience du palais de justice, où il surplombe directement le siège réservé au juge. Ce n’est pas un cas unique puisque 17 palais de justice en ont un en 2018.
À l’Hôtel de ville de Saint-Hyacinthe, un crucifix orne toujours le mur du fond de la grande salle où se déroulent les assemblées du conseil municipal. Nous avons d’ailleurs reçu un texte qui relate la petite histoire du crucifix qui a fait et ferait sûrement encore rager le maire Télesphore-Damien Bouchard. Au bénéfice de nos lecteurs, nous le publions en version intégrale dans notre page Forum.
De toute évidence, les élus maskoutains s’accommodent encore très bien de cette relique, même si dans les faits la prière des élus a été interdite par la Cour suprême, au grand dam de l’ex-maire Jean Tremblay du côté de Saguenay.
À Saint-Hyacinthe, on a remplacé le moment de prières par un moment de silence en ouverture d’assemblée, même s’il serait plus à propos de tenir un moment de réflexion.
Il est vrai que les questions religieuses sont et resteront encore longtemps sensibles, particulièrement auprès des gens plus âgés et pratiquants. Mais dans une société québécoise qui s’est laïcisée sur le tard et un État qui pratique et revendique désormais la neutralité, il serait grand temps de mettre de l’ordre dans nos idées et dans nos reliques religieuses.
Mes prières seront-elles exaucées?