L’UPA Montérégie lance un signal d’alarme quant à la réalité fiscale de ses membres : si, en 2007, 7 % des revenus nets des agriculteurs allaient aux taxes foncières, le pourcentage a augmenté à 11 % en 2016. Il pourrait atteindre 22 % en 2020 si rien ne change. « Aucun secteur d’activité économique ne pourrait survivre à un tel étranglement fiscal », dénonce le 1er vice-président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, Jérémie Letellier.
Trois demandes ont été formulées par l’UPA Montérégie afin de régler à long terme la problématique : limiter la valeur imposable des terres à 20 000 $/hectare, imposer un taux de taxes maximal de 0,80 $ par 100 $ d’évaluation et abolir le plafond de 5 % d’augmentation annuelle de l’enveloppe au Programme de crédit de taxes foncières agricoles. « Si ces trois demandes sont mises en place, le dossier serait essentiellement réglé », soutient M. Letellier.
Les libéraux ciblés
Différents représentants des producteurs agricoles, dont Stéphane Bisaillon, président des Producteurs de grains de la Montégérie Ouest, en ont profité pour pourfendre l’ancien ministre Pierre Paradis et sa réforme avortée « qui aurait fait payer plus de taxes à 85 % des producteurs ». L’actuel ministre de l’Agriculture, Laurent Lessard, a aussi été visé pour son « inaction depuis 18 mois ». « Si on est ici aujourd’hui, c’est parce que le dossier n’a pas avancé! », a scandé Jérémie Letellier.
Différents slogans et affiches exigeaient une refonte des taxes foncières agricoles avant les élections, mais tout semble indiquer que les producteurs agricoles n’auront pas ce qu’ils veulent avant le déclenchement de la campagne électorale, malgré 1 000 signatures d’une pétition déposée dans les derniers mois. Des moyens de pression, incluant le retrait de l’accès aux terres agricoles pour toute autre activité que l’agriculture, semblent envisagés pour forcer le gouvernement à passer à l’action.
L’opposition tend l’oreille
Alors que la question de la fiscalité foncière agricole pourrait devenir un des enjeux de la prochaine campagne électorale dans les milieux ruraux, les deux principaux partis d’opposition ont promis de régler au plus vite la situation s’ils sont élus. Chantal Soucy, députée caquiste de Saint-Hyacinthe, a vigoureusement dénoncé ce « programme désuet » et le peu d’intérêt que l’Assemblée nationale accorde à cette question.
Du côté du Parti québécois, la vice-cheffe Véronique Hivon et un contingent de députés et candidats ont promis qu’un gouvernement du PQ « va travailler pour une réforme durable qui va impliquer tout le monde ».
À la fin des allocutions, un agriculteur a pris le micro à l’improviste pour demander aux deux partis présents de ne pas se contenter de faire de belles promesses en vue des élections et d’inscrire leurs intentions dans leur plateforme respective.