Je ne doute pas des convictions derrière l’intention, mais plutôt de l’effet de l’action. Pas sûr que Donald change de ton en apprenant que Vincent Gratton n’est pas allé à Boston. Si le but est de faire mal aux Trumpistes, c’est l’Alabama qu’il faut éviter, pas le Massachusetts.
J’avoue, j’ai visité la Nouvelle-Angleterre plutôt que Pointe-à-Callières. Et ce fut aussi historiquement pertinent parce que nous avons laissé une empreinte sur cette partie du continent. Pas celle dans le sable avec le derrière des touristes qui se grillent le joual au soleil, mais de ceux et celles qui ont travaillé à l’ombre des usines.
Entre 1840 et 1930, près d’un million de Québécois immigrent au sud et la plupart ne reviendront pas. Ils s’établiront dans des dizaines de « petits Canadas », ghettos culturels où ils bâtiront écoles, églises et formeront des communautés francophones. Vingt-cinq mille Maskoutains dans la seule ville de Lowell, en banlieue de Boston, où vécurent aussi Louis Cyr et Jack Kerouack.
À cette époque, c’était nous qui franchissions la frontière en quête d’une vie meilleure. Et on faisait peur! Le Commercial Advertiser de New York s’alarmait : « Les essaims détachés de la ruche française prennent possession du terrain ». Devant ces préjugés, nous avons envoyé nos enfants à l’école anglaise et adopté la citoyenneté américaine pour nous fondre dans le grand « Tout US ».
Et si ces Duquette, Paquette ou Courtois ne parlent plus français, ils nous rappellent que l’Amérique que nous aimons tant détester est aussi la nôtre, et la boycotter, c’est oublier une partie de notre histoire.