Après que la Rôtisserie St-Hubert ait fait peau neuve en 2016 et que la Cage Brasserie sportive ait été elle aussi relocalisée en février dernier, c’est au tour du Zibo!, du Shaker Cuisine & Mixologie et du Caffuccino d’avoir convergé à proximité des Galeries St-Hyacinthe. Les restaurants n’ont d’ailleurs pas fini de pousser dans ce même secteur avec l’arrivée attendue de La Belle & La Bœuf et du Bâton Rouge.
Les restaurants affluent, mais la recherche de personnel ne suit pas la parade constatent les restaurateurs interrogés par LE COURRIER. Depuis un an, les curriculums vitae se font rares tant pour le service aux tables que la livraison ou la cuisine, quoique c’est encore plus difficile de trouver des candidats derrière les fourneaux. « Avec la venue de plusieurs restaurants, c’est une porte tournante et on doit travailler encore plus fort pour le recrutement », souligne la directrice générale de la Cage Brasserie sportive, Jessica Beauchemin.
Inquiet, le co-propriétaire Steve Deslauriers compte 120 employés à la rôtisserie St-Hubert, un nombre en deçà de ses réels besoins. « Le recrutement est devenu notre enjeu premier. Après la hausse du salaire minimum, on se cogne au manque de main-d’œuvre et c’est un deuxième coup qui fait mal », déclare-t-il, tout de même soulagé de voir son chiffre d’affaires augmenter à chaque nouveauconcurrent qui s’installe.
La même situation se répercute dans les Tim Hortons de la région, contraints de fonctionner avec le minimum de personnel à des heures achalandées. « Ça donne l’impression que notre service est plus lent qu’avant », a ajouté Nathalie Beauregard, propriétaire de six succursales à Saint-Hyacinthe, dont la plus récente sur le boulevard Laframboise.
Au Pacini, quelques serveurs ontmigré vers de nouveaux restaurants. « La concurrence est féroce. Mes employés sont convoités et j’essaie toujours de leur faire prendre conscience qu’ils sont bien ici. C’est rendu qu’on doit être de vrais spécialistes des ressources humaines », explique Philippe Lacasse, propriétaire franchisé, qui a pour sa part ressenti une légère baisse d’achalandage lors des récentes ouvertures.
Parmi tous les appels effectués par LE COURRIER, le Zibo! installé récemment au Sheraton semblait être le seul à ne pas trop souffrir de cette pénurie pour l’instant. Le directeur adjoint, Kevin Hébert, admet avoir bénéficié d’un pouvoir d’attraction qui a facilité son recrutement. « Ça a très bien été pour nous autant en cuisine qu’au service, donc on est extrêmement chanceux de la réponse positive que nous avons eue. On est très confiants de conserver notre monde, malgré l’arrivée de nouveaux restaurants. C’est juste une très bonne nouvelle! », rassure-t-il.
Fermeture temporaire
Les vacances estivales ont aussi donné du fil à retordre aux restaurateurs. Le propriétaire de la friterie Le Laurier a été contraint de fermer une semaine cet été pour permettre à ses cuisiniers, livreurs et caissiers de se reposer. Désespéré d’être aux prises avec des problèmes de recrutement, il se voit même obligé de réduire ses standards d’embauche.
Une première en 19 ans, le RestaurantLussier a lui aussi mis temporairement la clé dans la porte pendant les vacances de la construction. Si la baisse temporaire d’achalandage à cette période explique en partie cette fermeture, Benoit Lussier estime que c’était bien entendu une excellente solution pour résoudre le casse-tête des demandes de vacances.
Besoin d’immigrants… et vite!
Le manque de main-d’œuvre force même quelques propriétaires à se tourner vers l’étranger. Après avoir tenté l’expérience avec des candidats d’origine chinoise et sénégalaise dans les dernières années, Steve Deslauriers a confié être en processus exploratoire pour accueillir à nouveau des travailleurs immigrants à la rôtisserie St-Hubert dans les prochains mois. « Ça va devenir un incontournable », dit-il.
Au Tim Hortons, Nathalie Beauregard attend 18 ressortissants du Mexique pour le mois d’octobre. Ce ne sera pas la première fois qu’elle se tourne vers ce type de main-d’œuvre puisqu’elle avait déjà fait appel à neuf travailleurs des Philippines par le passé. « On est obligés de se réinventer en fonction de la problématique démographique parce qu’il va finir par manquer de joueurs. Le fait qu’on ait énormément d’entreprises en recrutement dans la région rétrécit notre bassin de travailleurs », a-t-elle fait valoir.