31 janvier 2019 - 10:22
La densification du centre-ville continue de susciter l’opposition
Par: Rémi Léonard
Le débat qui a animé la dernière séance de l’année 2018 à l’hôtel de ville de Saint-Hyacinthe s’est poursuivi le 21 janvier, notamment avec l’intervention du citoyen Richard Mongrain. Capture d’écran NousTV Saint-Hyacinthe

Le débat qui a animé la dernière séance de l’année 2018 à l’hôtel de ville de Saint-Hyacinthe s’est poursuivi le 21 janvier, notamment avec l’intervention du citoyen Richard Mongrain. Capture d’écran NousTV Saint-Hyacinthe

Des citoyens n’ont toujours pas digéré la façon dont le conseil municipal a procédé le 17 décembre pour adopter les règlements permettant la construction d’édifices pouvant aller jusqu’à huit étages aux abords de la promenade Gérard-Côté.

Un mois plus tard, une nouvelle délégation, certes plus réduite, s’est présentée devant les élus pour faire valoir la nécessité de soumettre ces règlements à un processus d’approbation référendaire. Ils ont été adoptés « séance tenante sans tenir compte des préoccupations manifestées par les citoyens », a plaidé Richard Mongrain, un résident du centre-ville. Cet argument s’est toutefois avéré vain.

Quelques minutes plus tôt, le maire Claude Corbeil avait en effet réitéré la volonté des élus de « garder le cap » dans ce dossier. « Le conseil a toujours la même volonté ferme de dynamiser son centre-ville et cela passe inévitablement par la densification », a soutenu M. Corbeil, tout en insistant sur la nécessité d’y inclure une saine mixité sociale.

Il a donc rappelé le plan de match des élus, soit d’aller de l’avant avec l’aménagement d’une promenade Gérard-Côté à 33 M$, avec en priorité une place publique derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde. « Les investissements publics doivent stimuler les investissements privés », a illustré le maire, disant vouloir « transposer l’approche » appliquée ces dernières années dans le secteur nord. Et il y a urgence d’agir, a-t-il argué. « Ça fait assez longtemps qu’on tourne en rond. […] Je ne veux pas être prophète de malheur, mais si on ne peut pas investir au centre-ville, j’ai l’impression que les gens qui arrivent de l’autoroute ne descendront pas », a averti Claude Corbeil.

Il a assuré à ceux qui se sont mobilisés le 17 décembre qu’ils ont été « entendus » et que leur position est « considérée » dans l’analyse de la situation. Il n’entend toutefois pas dévier de la voie qui a été tracée dans ce dossier. « Si rien n’est fait, rapidement [le centre-ville] va dépérir. […] Il serait beaucoup plus facile pour le conseil de repousser en avant toute décision face à une certaine résistance, mais on ne lâchera pas », a statué le maire Corbeil.

Pas tellement convaincu

Pour sa part, le citoyen Mongrain a mis en lumière les impacts découlant de la construction d’immeubles en hauteur sur la qualité de vie des résidents du centre-ville, évoquant entre autres des nuisances liées au bruit, à la qualité de l’air, aux îlots de chaleur, à la circulation automobile ou au phénomène d’embourgeoisement. « Vous avez dit que le centre-ville n’appartient pas qu’aux gens du centre-ville, qu’il appartient à tout le monde, mais c’est nous autres [les résidents] qui allons vivre avec les conséquences de toutes ces constructions », a-t-il exposé au maire.

Comme pour plusieurs, le sentiment d’avoir été berné durant les différentes rencontres publiques portant sur le centre-ville est encore tenace. « Jamais on n’a parlé de tours de huit étages dans mon secteur. […] Vous nous avez invités à une soirée d’information [le 7 novembre]. Moi, honnêtement, c’est une soirée de désinformation que j’ai eue. Ça m’a écœuré, monsieur le maire », a-t-il lancé. M. Corbeil avait déjà admis cette « erreur » à la dernière séance, et a de nouveau reconnu qu’il aurait fallu corriger l’urbaniste Réal Lestage lorsqu’il a parlé de quatre à six étages.

M. Mongrain a même avancé que le nombre d’étages permis correspondait à une exigence venant directement du privé. « Ce sont les promoteurs immobiliers qui vous ont dit : “nous, on peut venir investir à Saint-Hyacinthe, mais ça nous prend minimum huit étages pour être rentable” », a-t-il allégué. « Sauf respect, vous pouvez penser ce que vous voulez », a sèchement répliqué le maire, assurant que les maquettes préparées par la firme Daoust Lestage affichaient bel et bien six à huit étages.

La requête citoyenne déposée lors de la séance rappelle aussi le rendez-vous référendaire manqué de 2017, alors que la Ville a préféré retirer un règlement de zonage plutôt que de tenir un référendum de secteur sur la transformation des édifices à logements de la rue Marguerite-Bourgeoys en stationnement. Grâce aux règlements nouvellement adoptés sans que les citoyens ne puissent s’y opposer, cette situation est dorénavant régularisée, comme tout futur « stationnement public » au centre-ville.

Autre dossier, autre attitude

Au cours de son allocution, le maire a également annoncé la décision du conseil de « réétudier » le dossier des trottoirs. Le plan directeur à ce sujet, adopté à l’automne, en condamnait plus de 66 kilomètres à la fin de leur vie utile et a suscité une mobilisation citoyenne dans les derniers mois. « Nous avons bien entendu votre message […] et saisi qu’il y a une problématique », a affirmé le maire.

Aucune précision supplémentaire n’a été donnée, mais d’ici à ce que le conseil statue sur une nouvelle orientation, « aucun chantier » ne sera entrepris pour retirer des trottoirs, a assuré M. Corbeil. Il a promis de revenir avec des développements « d’ici quelques semaines ».

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