Pierre Brouillard a été embauché en mai 2018 par Entretien Phénix pour effectuer diverses tâches d’entretien ménager à l’Hôtel Sheraton. Il a constaté certaines irrégularités au niveau des heures qui lui étaient payées.
« La direction d’Entretien Phénix doit respecter les conditions de travail et préciser clairement les tâches à effectuer. À la suite de plaintes entendues par des collègues concernant entre autres des heures non payées, j’ai contacté l’Union des employés de service, section locale 800 [UES 800] », indique Pierre Brouillard en entrevue au COURRIER.
Cette initiative s’est rendue rapidement aux oreilles de son employeur qui a rencontré M. Brouillard le vendredi 11 janvier, directement sur son lieu de travail.
« Trois jours après ma rencontre avec le représentant au recrutement de ce syndicat, j’ai été congédié. On m’a dit que mes services n’étaient plus requis au Sheraton puisque l’on avait entendu des choses négatives me concernant », relate-t-il.
Pierre Brouillard attribue davantage son licenciement à ses démarches auprès de l’UES 800, un syndicat affilié à la FTQ. Il travaillait 40 heures sur une base hebdomadaire du lundi au vendredi de 15 h à 23 h.
Caroline Girard, une résidente de Saint-Liboire, a été embauchée par Entretien Phénix en septembre 2018 pour occuper le poste de préposée aux chambres et, par la suite, pour assurer des tâches de superviseure.
Mme Girard a été licenciée la même journée que Pierre Brouillard. « Lors de ma rencontre avec l’employeur, celui-ci a justifié mon congédiement par mon refus de contribuer aux changements apportés dans l’entreprise », indique-t-elle en entretien téléphonique.
Selon elle, la démarche de syndicalisation serait la raison de son départ inattendu de l’entreprise.
Contrairement à son ex-collègue de travail, Caroline Girard a reçu un avis de cessation d’emploi. « Par contre, aucun motif de fin d’emploi n’est précisé sur le document », note Mme Girard.
Selon nos informations, sept employés auraient été licenciés en raison de leur volonté de se syndiquer.
Sur la trentaine de personnes qui travaillent pour Entretien Phénix, une dizaine serait concernée par le contrat conclu entre Entretien Phénix et la direction du Sheraton.
Requête en accréditation
La démarche initiée par Pierre Brouillard a porté ses fruits puisqu’une requête en accréditation a été enregistrée le 24 janvier au Tribunal administratif du travail.
Selon le document dont nous avons obtenu copie, l’UES 800 demande l’accréditation pour tous les préposés aux chambres et les équipiers à l’exception des gouvernantes, des assistantes gouvernantes et des superviseurs.
Contacté sur le sujet, ce syndicat n’a pas souhaité commenter le dossier.
Selon le site Web du Tribunal administratif du travail, un salarié qui croit avoir été victime d’une mesure de représailles (comme un congédiement) à cause de l’exercice d’une activité syndicale prévue au Code du travail tel que la participation à la formation d’un syndicat peut déposer une plainte au tribunal administratif du travail pour contester la décision de son employeur.
Pierre Brouillard précise avoir déposé une plainte auprès de ce tribunal. « Aujourd’hui, je souhaite réintégrer l’entreprise et obtenir un dédommagement financier », espère-t-il. Caroline Girard compte elle aussi porter plainte pour obtenir réparation.
La propriétaire d’Entretien Phénix, Cécile Laws, n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.