Ces dernières semaines, c’était étrange ces images de dizaines de véhicules éparpillés sur l’autoroute comme des quilles sur une allée glacée, certaines empilées, d’autres dans le dalot. Je n’y voyais pas l’image d’un banal incident hivernal, mais plutôt une allégorie de notre époque.
Les autorités furent rapides à accuser la météo, le climat, l’hiver, n’importe quoi. Pas assez d’arbres pour freiner le vent, trop frette pour le sel, température bipolaire, une journée, ça fond, l’autre, ça gèle, quossé tu veux qu’on fasse. C’est de même. Bref, toute pis son contraire pour ne pas pointer le seul vrai responsable, l’humain dans son char.
L’humain dans sa bulle métallique, ben affairé, entre deux cafés, à carburer à la performance. La vie dans le tapis, il tasse, presse, dépasse pis roule à fond à sa job, job, job. Neige, mouille, peu importe le temps qu’il fait, il va vite parce qu’il a pas le temps. Radio, textos pis… BANG! Appel au bureau : « Je vais être en retard, j’ai frappé un mur. »
Même chose avec notre époque. Au défi climatique, l’humain répond par un genre de Bird Box challenge qui consiste à se bander les yeux et continuer à faire ses affaires comme avant. Peu importe le temps. Le pôle fond? On construit d’autres pipelines. L’économie dans le tapis. On arrêtera de faire des pailles en plastique, c’est toute.
L’humain roule dans son char à toute vitesse dans la tempête, les yeux fermés, et quand on lui dit qu’il va foncer dans le mur, il répond : « Monte le son de la radio! »
Alors qu’il suffit d’ouvrir les yeux, avoir conscience de ce qui nous entoure, s’adapter et… réduire notre vitesse. Ralentir. Diminuer. Décroître. Voire même, quelle audace, changer nos modes de transport. Et on évite un carambolage de classe mondiale.